Plus de 50 personnes ont été tuées par les forces gouvernementales depuis dimanche à Taëz, grande ville du sud-ouest du Yémen où un sit-in a été réprimé dans le sang, a indiqué mardi la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay.

«Le Bureau des Nations Unies aux droits de l'homme a reçu des informations, qui restent à être pleinement vérifiées, indiquant que plus de 50 personnes ont été tuées depuis dimanche à Taëz par l'armée yéménite, la Garde républicaine ainsi que d'autres éléments affiliés au gouvernement», explique un communiqué du Haut commissariat citant Mme Pillay.

Le sit-in de la «Place de la liberté» a été réprimé «à l'aide de canons à eau, de bulldozers et de balles réelles», poursuit-elle faisant également état de «centaines de blessés».

Le dernier bilan des organisateurs de la manifestation chiffrait à au moins 21 le nombre de manifestants décédés dans les affrontements.

Sept manifestants sont encore tombés mardi sous les balles de la police qui voulait empêcher tout nouveau rassemblement hostile au régime du président Ali Abdallah Saleh, à Taëz au lendemain d'un bain de sang dans cette grande ville du sud-ouest du Yémen.

À Sanaa, la trêve fragile a été rompue entre la puissante tribu des Hached et les forces loyalistes. Sept partisans du chef des Hached cheikh Sadek el-Ahmar, qui a rejoint l'opposition, sont tombés dans les combats, selon des médecins, tandis que le bilan des pertes des troupes de M. Saleh reste inconnu.

Al-Qaïda frappe l'armée

Cinq soldats yéménites ont été tués et 23 autres blessés dans une attaque lancée mardi par des combattants présumés d'Al-Qaïda contre un barrage militaire à l'entrée de la ville de Zinjibar, dans le sud du Yémen, selon un nouveau bilan de source hospitalière.

L'attaque a visé le barrage militaire de Dofas, à un kilomètre de Zinjibar, tombée dimanche aux mains d'éléments d'Al-Qaïda, selon les autorités.

L'attaque a fait six morts parmi les soldats, dont deux blessés ayant succombé plus tard dans l'hôpital Joumouria à Aden, selon un médecin.

Des témoins ont indiqué que les assaillants avaient mis le feu, après l'attaque, à dix véhicules militaires qui étaient garés sur les lieux.

Par ailleurs, deux soldats blessés dans les combats de lundi ont succombé dans un hôpital militaire d'Aden où ils étaient soignés, d'après une source médicale, portant à 25 le nombre de militaires morts à Zinjibar, selon un bilan établi par l'AFP.

Avant cette attaque, le ministère de la Défense avait indiqué que 21 militaires, dont plusieurs officiers, avaient été tués à Zinjibar.

Les combats de dimanche et de lundi ont également fait 34 blessés parmi les militaires de la 25e Brigade mécanisée et de la 31e Brigade blindée qui font face dans la ville, capitale de la province d'Abyane, aux «éléments terroristes», selon le site internet du ministère, 26sep.net.

Le ministère affirme que les forces armées, en collaboration avec des habitants, ont réussi à «porter des coups durs aux terroristes» mais ne donne pas de bilan pour les assaillants qui ont pris la ville dimanche.

L'aviation yéménite a mené lundi des raids sur des positions proches de la ville de Zinjibar.

Une source militaire a précisé que l'aviation avait pris pour cible les QG des services de renseignement, des services de la sûreté, et des bâtiments des services de la police judiciaire.

Les combattants présumés d'Al-Qaïda ont saisi les armes entreposées dans ces bâtiments et circulaient à bord de voitures avec des bannières blanches sur lesquelles était écrit «les Partisans de la Charia (loi islamique)», a indiqué la même source.