La révolution syrienne s'est trouvé un visage. Celui d'Hamza Ali, 13 ans. Son corps est tuméfié. Sa peau tantôt brûlée, tantôt arrachée. Son cou est cassé. Son sexe a été coupé. Sur YouTube, les images du corps d'Hamza, jeune garçon arrêté lors d'une manifestation en Syrie et torturé à mort, ont semé la colère. Hamza Ali al-Khateeb pourrait devenir le visage d'une révolte réprimée dans le sang et les larmes.

«Nous sommes tous Hamza Ali al-Khateeb.» Sur les pages Facebook qui lui sont consacrées, Hamza a deux visages. Celui du garçon encore poupon qu'il était, et celui, supplicié, du corps rendu à sa famille.

«L'histoire d'Hamza est malheureusement une parmi tant d'autres. Il y a des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées qui n'ont pas encore été rendus à leurs familles. On ne peut concevoir le degré de torture infligé à des civils non armés par le régime syrien haineux et barbare», peut-on lire sur la page du groupe en arabe, qui compte plus de 56 000 membres.

Les images d'Hamza, montrées dans une vidéo sur YouTube, sont dures. Filmant le corps de l'enfant, déformé par les coups, une voix hors champ énumère les tortures. «Son cou est cassé, il a été touché par des balles qui ne l'ont pas tué. Il a été torturé, ses organes génitaux ont été coupés», entend-on.

Pas d'explications

Selon les informations reprises par Le Nouvel Observateur, le garçon a été arrêté le 29 avril par la police secrète à Jiza, près de Deraa, foyer de la révolte. Il aurait chanté, aux côtés d'autres jeunes, «À bas le régime» dans la rue.

Près d'un mois plus tard, les autorités ont demandé à la famille de venir chercher le corps du garçon pour l'enterrer, sans fournir d'explications. Ces images, tournées avant l'enterrement, alimentent la colère des manifestants depuis leur diffusion, au point où Hamza est comparé à Mohammed Bouazizi, jeune marchant tunisien, emblème de la révolution de jasmin.

«L'opposition syrienne est sur le point d'en faire une icône pour une forte mobilisation. Ils ont partiellement réussi», dit le politologue Sami Aoun, spécialiste du Moyen-Orient et professeur à l'Université de Sherbrooke.

Toutefois, sans leadership clair et sans l'appui de la bourgeoisie urbaine syrienne, les opposants du régime Bachar al-Assad ont encore des faiblesses et il n'est pas certain que le visage d'Hamza ait un effet de mobilisation, comme cela avait été le cas en Tunisie ou en Égypte.

Le régime vacille et s'effrite malgré tout, et le président est maintenant lui-même contesté. «Le régime perd toute la crédibilité qu'il avait pu acquérir. C'est le danger pour Bachar al-Assad, qui est maintenant perçu comme celui qui massacre son peuple, et pour la première fois, on brûle ses portraits dans les manifestations», dit M. Aoun.

Le président a affirmé qu'une enquête sur la mort d'Hamza est en cours. Une promesse qui ne suffira pas à faire oublier la violence de la répression qui a déjà fait plus de 1000 morts, selon les observations de groupes humanitaires.

- Avec AFP, Al-Jazira, Rue89, Le Nouvel Observateur et The Washington Post