Les forces de l'ordre ont démantelé par la force et au prix de 21 morts le sit-in de Taëz, grande ville du sud-ouest du Yémen et l'une des premières à s'être levée contre le président Ali Abdallah Saleh.

Dans le sud du pays, six soldats, dont un colonel, ont par ailleurs été tués depuis dimanche par des membres présumés d'Al-Qaïda, qui ont perdu deux des leurs, autour de la ville de Zinjibar, tenue, selon un responsable local, par des éléments du réseau extrémiste.

À Taëz, «au moins 20 protestataires ont été tués dans les affrontements avec les forces de l'ordre qui ont duré de 18h (11h, heure de Montréal) dimanche à 4h (21h dimanche, heure de Montréal) lundi», a déclaré l'un des organisateurs du sit-in.

Un autre manifestant a été tué lorsque la police et la Garde républicaine ont ouvert le feu dans l'après-midi pour empêcher des dizaines de manifestants qui tentaient de revenir sur la «Place de la liberté», selon des participants.

Les chars et les blindés ont attaqué en pleine nuit cette place où des manifestants campent depuis janvier pour réclamer le départ du président Saleh. Les militaires ont mis le feu aux tentes des opposants et évacué la place, selon des témoins.

Des centaines de manifestants qui tentaient de fuir l'assaut ont été pourchassés dans les rues latérales et arrêtés, ont ajouté les témoins.

Selon ces sources, 37 blessés -dont plusieurs dans un état grave- qui se trouvaient dans l'hôpital de campagne installé par les manifestants sur la place ont également été arrêtés.

«C'est un massacre. Les blessés ont été traînés de force dans les rues pour être arrêtés», a affirmé à l'AFP une militante, Bouchra al-Maqtari.

Au total, des centaines de personnes ont été arrêtées à Taëz, d'après des sources de l'opposition.

Des manifestations de solidarité avec les protestataires de Taëz ont été organisées lundi à Sanaa, Ibb (sud) et Hodeida, sur la mer Rouge, ont indiqué des participants.

Selon l'agence officielle Saba, le président yéménite a réuni dans la nuit les chefs militaires qui lui restent fidèles, les appelant à «résister et à répondre fermement aux défis» posés selon lui par «les hors-la-loi et les corrompus», dans une référence à ses opposants.

Taëz, à 270 km au sud de Sanaa, est l'un des foyers de la contestation contre le régime. Elle a été la première ville du pays à organiser un sit-in permanent contre le président Saleh, avant Sanaa où le rassemblement sur la «Place du Changement» a commencé le 21 février.

M. Saleh a refusé la semaine dernière de signer un accord prévoyant son départ, élaboré par les monarchies arabes du Golfe et mis en garde l'opposition contre une «guerre civile».

L'opposition s'est indignée dans un communiqué de la violence excessive à Taëz, n'hésitant pas à qualifier l'attaque de «crime contre l'humanité» et appelé à des pressions internationales pour obtenir le départ de M. Saleh.

Par ailleurs, près de Zinjibar, qui serait depuis dimanche aux mains d'Al-Qaïda, «un convoi de renforts venant d'Aden est tombé dans une embuscade tendue, à l'entrée de la ville, par des éléments d'Al-Qaïda. Quatre militaires, dont un colonel, ont été tués et de nombreux autres ont été blessés», a déclaré un responsable des services de sécurité.

L'aviation est intervenue contre des positions proches de Zinjibar et deux soldats ont également été tués dans la ville par un tir de roquette attribué à des éléments d'Al-Qaïda, qui ont perdu deux des leurs, selon une source dans leur entourage et une source médicale.

En outre, «un civil a été tué et trois autres blessés par la chute de deux obus, l'un sur une mosquée et l'autre dans un quartier résidentiel» à Zinjibar, a-t-on appris de source médicale.