Les alliés américain et britannique se sont engagés à maintenir la pression militaire sur le régime libyen contesté de Mouammar Kadhafi, même si le président Barack Obama a admis «les limites inhérentes» aux frappes aériennes de l'OTAN.

L'intensification des frappes de l'OTAN ces derniers jours a en revanche provoqué le courroux de la Russie qui a dénoncé des «écarts grossiers» par rapport au mandat du Conseil de sécurité de l'ONU ayant ouvert la voie aux bombardements destinés à protéger les civils de la répression du colonel Kadhafi.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a réitéré son appel aux autorités libyennes pour un «vrai cessez-le-feu» et des «négociations sérieuses» sur une transition politique, affirmant avoir discuté «longuement» la veille avec le Premier ministre libyen Al-Baghdadi Ali Al-Mahmoudi.

A Londres, où il bouclait une visite d'État, M. Obama a expliqué aux côtés du Premier ministre David Cameron que triompher de M. Kadhafi serait «un processus lent», car «dès lors que vous excluez le recours aux forces au sol, vous êtes confrontés à des limites inhérentes aux opérations aériennes».

Plus de deux mois après le début de l'intervention militaire internationale le 19 mars et le refus persistant du dirigeant libyen de quitter le pouvoir, M. Obama a ajouté que «l'opposition libyenne qui est sur le terrain devra prendre ses responsabilités».

«Nous continuerons les frappes jusqu'à ce que les attaques de Kadhafi contre les population civiles cessent», a-t-il souligné.

«Il est impossible d'imaginer un futur pour la Libye avec Kadhafi au pouvoir, il doit partir», a renchéri M. Cameron. «Le président Obama et moi-même pensons qu'il faut accroître la pression en Libye».

Ces propos interviennent alors que Tripoli est la cible de raids intensifs de l'OTAN depuis le début de la semaine. Quatre explosions ont été entendues mercredi soir dans la capitale libyenne. L'OTAN avait mené plus tôt des raids sur la ville de Nalout (ouest), selon l'agence libyenne Jana.

«Il s'agit d'un nouvel écart grossier par rapport aux résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU», a jugé le ministère russe des Affaires étrangères, en relevant en particulier que des «bâtiments n'ayant pas un caractère militaire» avaient été touchés.

Ces différends laissent présager d'intenses échanges au sommet du G8 qui s'ouvre jeudi à Deauville. Londres et Washington vont y promouvoir un «programme de soutien» politique et économique au «printemps arabe», selon M. Cameron.

Au sein de l'OTAN, des voix se font entendre pour expliquer que l'objectif final de la coalition est le départ de M. Kadhafi. L'objectif est que «fin juin, début juillet Kadhafi soit tombé», selon un haut responsable de l'OTAN.

Le ministère américain de la Défense a annoncé mercredi que l'armée américaine fournit des bombes et des pièces détachées aux alliés réunis sous la direction de l'OTAN pour mener des frappes en Libye.

C'est la première fois que le Pentagone confirme publiquement la fourniture de munitions à ses alliés de l'OTAN.

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi est forcé «de se cacher», en raison des bombardements des avions de l'OTAN sur Tripoli, et a ainsi de «plus en plus de difficultés à communiquer avec ses troupes et à mener des actions qui vont contre la sécurité des civils», a soutenu mercredi un haut responsable de l'armée canadienne, le Brigadier-général Richard Blanchette.

Les appareils de l'OTAN ont effectué 8100 sorties depuis le début de la mission en mars, y compris 3.100 sorties de combats, a-t-il encore indiqué.

Sur le plan diplomatique, le chef de l'État sud-africain Jacob Zuma doit se rendre lundi à Tripoli pour discuter avec M. Kadhafi d'une «stratégie de sortie» qui lui permettrait de quitter le pouvoir.

L'Union africaine, qui a ouvert à Addis Abeba un mini-sommet extraordinaire. défend de son côté une «feuille de route», prévoyant un cessez-le-feu et une période de transition devant déboucher sur des élections, qu'a déjà acceptée le régime libyen. Le CNT l'a rejetée exigeant au préalable un départ de Kadhafi.

«Seule une solution politique peut apporter une paix durable et satisfaire les aspirations légitimes du peuple libyen», a répété le président de la commission de l'UA, Jean Ping.

Le Caire a, de son côté, annoncé l'envoi bientôt d'un émissaire à Benghazi, siège de la rébellion, afin de tenter de trouver un règlement au conflit, après un précédent passage à Tripoli.

Sur le terrain, Amnesty International a annoncé avoir découvert à Misrata, ville côtière de l'Ouest, plus d'une vingtaine de mines anti-personnels autour de positions abandonnées par les pro-Kadhafi.

Le fait que «ces mines aient été installées dans des quartiers résidentiels indique que les forces de Kadhafi cherchent délibérément à s'en prendre aux civils», a estimé l'ONG.

A l'Ouest, dans les montagnes du djebel Nefoussa, la rébellion a parlé d'une situation «très inquiétante» à Yefren, deuxième ville de la région.

Depuis le 3 avril, Yefren est assiégée par les pro-Kadhafi et est soumise à des bombardements quotidiens, selon une source rebelle. Plus de 7000 habitants y sont bloqués, la plupart vivant dans des «grottes» alors que la nourriture et les médicaments manquent de façon drastique.

En outre, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a démenti la mort d'un des fils de M. Kadhafi, Seif al-Arab, dont la mort avec trois des petits-enfants du dirigeant libyen dans un raid de l'OTAN sur Tripoli le 30 avril avait été annoncée par le gouvernement libyen.