Le président yéménite Ali Abdallah Saleh refusait dimanche de signer un accord sur la transition et ses partisans assiégeaient l'ambassade des Émirats arabes unis à Sanaa où étaient réunis des diplomates et un médiateur pour tenter de trouver une issue à la crise.

Un manifestant a été tué et un autre blessé par balle sur la route de l'aéroport par des tirs de casseurs armés, alors qu'ils tentaient de se rendre sur la place du «Changement», près de l'Université de Sanaa, selon des sources médicales et de l'opposition.

L'opposition a averti M. Saleh qu'il serait «chassé du pouvoir» sous la pression de la rue s'il ne signait pas l'accord élaboré par les monarchies du Golfe et a organisé une manifestation monstre à Sanaa pour réclamer son départ.

Des centaines de partisans du régime, armés, ont encerclé dans l'après-midi l'ambassade des Émirats Arabes Unis à Sanaa, où étaient réunis des ambassadeurs occidentaux et un médiateur du Golfe dépêchés pour tenter de dénouer la crise, a indiqué un diplomate à l'AFP.

Les ambassadeurs des États-Unis, de Grande-Bretagne et de l'Union européenne ainsi que le secrétaire général du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), Abdellatif Zayani, s'y trouvaient, réunis dans l'attente d'une décision du président Saleh de signer l'accord, après avoir assisté samedi soir à la signature par l'opposition parlementaire du document, selon la même source.

Mais un haut responsable du parti au pouvoir a affirmé que le chef de l'État refusait de signer l'accord avant d'en définir «le mécanisme d'application».

Des centaines de partisans du chef de l'État avaient bloqué dès le matin les principales artères de Sanaa, dont les issues menant au palais présidentiel et la route de l'aéroport.

Les opposants à M. Saleh ont organisé sur la place du «Changement» la plus grande manifestation qu'ait connue la capitale depuis janvier pour réclamer le départ immédiat du président, selon le correspondant de l'AFP.

Quelque 1,5 million de personnes ont pris part à ce rassemblement, selon des estimations concordantes dans les milieux de l'opposition.

Les différents corps de métier étaient représentés, les médecins étant venus en blouse blanche, alors que beaucoup de jeunes étaient drapés des couleurs nationales: rouge, noir et blanc.

Le Yémen est secoué depuis janvier par une contestation populaire du régime de M. Saleh, au pouvoir depuis près de 33 ans, accusé de népotisme et de corruption. La révolte a coûté la vie à 181 personnes, selon un décompte de l'AFP.

Mercredi, M. Saleh avait déjà refusé à la dernière minute de signer l'accord de transition, selon l'opposition.

S'il ne signe pas, «la révolte va s'intensifier et il (finira) par être chassé du pouvoir», a averti le porte-parole de l'opposition parlementaire, M. Mohamed Qahtan.

Il a appelé «les États-Unis et l'Arabie saoudite à faire pression» sur le président.

Le président américain Barack Obama et la secrétaire d'État Hillary Clinton avaient appelé M. Saleh à «respecter son engagement» à quitter le pouvoir.

Pour leur part, les ministres des Affaires étrangères du CCG devaient tenir une réunion extraordinaire consacrée au Yémen dimanche soir à Ryad.

Abdellatif Zayani, qui se trouve à Sanaa, aurait normalement du «regagner Ryad avec le document signé pour le soumettre à la réunion», d'après des sources du CCG.

Le plan, élaboré avec l'aide des États-Unis et de l'Union européenne, prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches, puis une élection présidentielle dans les 60 jours.