Environ 300 personnes ont été tuées pendant la révolution tunisienne, a indiqué samedi un expert de l'ONU à Tunis, où une militante connue des droits de l'Homme a accusé le gouvernement de poursuivre la pratique de la torture depuis la chute du régime Ben Ali le 14 janvier.

Environ 300 Tunisiens sont morts et 700 ont été blessés entre le 17 décembre, date du début de la révolte contre le pouvoir Ben Ali et le 14 janvier, jour de sa chute, a indiqué samedi le rapporteur spécial de l'ONU contre la torture, Juan Méndez, citant des chiffres gouvernementaux.

«Environ 300 personnes ont été tuées et 700 blessées pendant les troubles entre 17 décembre et 14 janvier», a déclaré

M. Méndez lors d'une conférence de presse à Tunis.

Le dernier bilan communiqué par les autorités à la mi-février faisait état de 234 morts sans mentionner le nombre de blessés.

M. Méndez a en outre plaidé pour des «investigations complètes» et des réformes pour la prévention de la torture en Tunisie.

Une militante réputée tunisienne pour les droits de l'Homme, Radhia Nasraoui, qui a assisté à la conférence de presse, a de son côté accusé le gouvernement de poursuivre les tortures.

«Nous avons eu des témoignages des prisonniers qui ont été torturés après la révolution, et certains ont même été violés», a-t-elle affirmé à l'AFP précisant que des enfants de 14 et 15 ans qui avaient participé à des manifestations pacifiques ont été également torturés.

«Je pense qu'il n'y pas une volonté politique pour arrêter au moins d'une façon ferme ces pratiques sauvages. Nous avons l'impression que la police a le feu vert pour torturer», a ajouté M. Nasraoui, qui préside l'organisation contre la torture en Tunisie.

M. Méndez a insisté sur la nécessité «d'investigations complètes et déterminées de tous les cas (de violences, ndlr), la poursuite des auteurs ainsi que des réparations des services de réhabilitation pour les victimes», a-t-il précisé lors d'une conférence de presse.

En visite de travail en Tunisie depuis le 15 mai, M. Méndez a ajouté que pour «la prévention de la torture, des réformes constitutionnelles législatives et administratives sont nécessaires».

Il a affirmé que les objectifs de sa visite étaient «d'engager un dialogue avec les décideurs et les acteurs clés afin de formuler de recommandations pour aider le gouvernement intérimaire et la société tunisienne à assurer la justice par le biais d'une transition réussie».

Sa visite vise également à «promouvoir la responsabilisation pour les abus passés et pour les autres allégations de torture et de mauvais traitements en assurant que les auteurs présumés soient tenus responsables conformément aux droits tunisien et international».

«Le gouvernement intérimaire a été mis sous une pression immense de démontrer sa volonté et sa capacité véritables à répondre à la volonté de la population de briser le cycle de l'impunités et de restaurer la justice pour les actes passés et récentes de tortue et mauvais traitements», a-t-il dit.