Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a plaidé vendredi pour une élection présidentielle anticipée alors que son parti et l'opposition affirment qu'un plan des monarchies du Golfe prévoyant son départ dans un délai de 30 jours sera signé dimanche.

Parallèlement, des manifestations appelant à la chute du régime Saleh ont de nouveau rassemblé des centaines de milliers de personnes à travers le pays.

S'exprimant devant des milliers de ses partisans à Sanaa, M. Saleh a lancé que son peuple allait résister aux instigateurs d'un «coup d'État», en référence à ses détracteurs qui réclament depuis fin janvier son départ après plus de trois décennies au pouvoir.

Son intervention semble être une nouvelle manoeuvre face aux pressions croissantes de ses voisins du Golfe et des États-Unis, alors que la signature de l'accord, proposé par les monarchies du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG), a été annoncée plusieurs fois et toujours reportée.

Jeudi, des responsables du parti du président et de l'opposition ont annoncé la signature dimanche de ce plan de sortie de crise qui prévoit la formation par l'opposition d'un gouvernement de réconciliation et la démission un mois plus tard de M. Saleh en échange d'une immunité pour lui et ses proches.

Mais ce dernier a jusque-là refusé de signer le document, pourtant formellement accepté par son parti et l'opposition parlementaire, laquelle l'accuse d'invoquer à chaque fois de nouveaux prétextes.

«Le président envoie des messages contradictoires et insensés», a déclaré à l'AFP le porte-parole du Forum commun, l'opposition parlementaire, Mohamed al-Qahtan, assurant cependant que M. Saleh signerait dimanche le plan.

Tarek Chami, chef de l'information au Congrès populaire général (CPG), le parti présidentiel, a aussi confirmé que M. Saleh le signerait. «Le CPG a déjà choisi ses candidats aux postes de président et de vice-président».

Les ministres des Affaires étrangères du CCG se réuniront dimanche à Ryad pour discuter du Yémen, a annoncé le CCG sans évoquer la signature de l'accord.

Entre-temps, M. Saleh a présidé une réunion du Conseil de défense nationale, en présence de son fils et de ses neveux qui dirigent des corps de l'armée et de la sécurité.

«Le Conseil a salué la réponse positive et responsable à l'initiative du Golfe, témoignant du souci du président de ne pas laisser le pays sombrer dans le chaos», a rapporté l'agence officielle Saba.

Alors que M. Saleh s'adressait à ses partisans, des centaines de milliers de manifestants contre son régime étaient rassemblés sur l'une des grandes avenues de Sanaa pour réclamer son départ immédiat. Un rassemblement similaire a eu lieu à Taëz, deuxième ville du pays.

Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé dans les villes du sud en appelant les pays du Golfe à accentuer leur pression sur le président, même si les contestataires refusent l'immunité proposée au président par le CCG.

Jeudi, le président américain Barack Obama a appelé M. Saleh, un allié de Washington dans la lutte antiterroriste, à respecter ses engagements sur une transition du pouvoir.

Selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources médicales et de sécurité, 180 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations anti-régime.