Le président américain Barack Obama a appelé jeudi le président syrien Bachar al-Assad à diriger la transition ou à se retirer du pouvoir, à la veille d'un nouvel appel à manifester lancé par des militants hostiles au pouvoir.

«Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie», a déclaré le président américain dans un discours sur les révoltes arabes, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines visant le président Assad et six de ses proches collaborateurs.

«Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition, ou s'écarter», a-t-il estimé.

Après deux mois de contestation violemment réprimée, M. Obama a également exigé la fin des violences contre les manifestants, la libération des prisonniers politiques, et l'accès des groupes de défense des droits de l'Homme «dans des villes comme Deraa» (sud), où plusieurs centaines de personnes ont été tuées selon des militants.

La répression du mouvement de contestation en Syrie a fait depuis le 15 mars au moins 850 morts selon des ONG et l'ONU, et entraîné plus de 8000 arrestations.

Une journaliste américano-canado-iranienne de la télévision Al-Jazira, Dorothy Parvez, a dit avoir entendu «des bruits de tortures sauvages» infligées à des détenus dans la prison syrienne où elle a été détenue fin avril, avant son transfert en Iran et sa libération mardi.

Mercredi, les États-Unis ont décidé d'imposer pour la première fois des sanctions à M. Assad en personne.

Parmi les autres responsables du régime visés par ces sanctions -le gel de leurs biens aux États-Unis- se trouvent le vice-président Farouk al-Chareh, ainsi que les ministres de l'Intérieur Mohammad Ibrahim al-Chaar, de la Défense Ali Habib Mahmoud et le chef des renseignements militaires, Abdel Fattah Qoudsiya.

Les mesures américaines touchent aussi deux chefs des Gardiens de la Révolution, force d'élite du régime iranien, pour leur rôle présumé dans la répression en Syrie.

Jeudi, M. Obama a accusé la Syrie de «suivre son allié iranien», qui l'aide selon lui à organiser la répression.

La Syrie a rejeté avec force ces sanctions estimant qu'elles n'influeraient pas sur les décisions du régime et visaient «en premier lieu à servir les intérêts d'Israël».

Le parti chiite libanais Hezbollah, soutenu par Damas, a dénoncé «une décision politique par excellence» et qui s'inscrit «dans le cadre d'un règlement de comptes avec la Syrie qui a fait le choix de la résistance contre l'occupation américaine et israélienne».

Sur le terrain, les forces de sécurité et l'armée continuaient d'assiéger ou d'intervenir dans plusieurs foyers de la contestation contre le régime, dont Homs (centre), Banias (nord-ouest), Deraa.

À Tall Kalakh (ouest), où huit civils ont été tués mercredi, les troupes syriennes ont entamé leur retrait après six jours de siège, selon un témoin, et se déployaient dans le village voisin d'Al-Arida, ont constaté des correspondants de l'AFP.

Malgré la répression et la traque des opposants, la page Facebook de «Syrian Revolution 2011», moteur du mouvement de contestation, a appelé à des manifestations «pour la liberté» et l'unité nationale.

«Le Vendredi de la Liberté, Azadi (mot signifiant liberté en kurde)», écrivent les militants en appelant à des manifestations à travers le pays, y compris dans les villes kurdes du Nord.

La France, qui cherche à faire adopter à l'ONU un texte condamnant la Syrie, a dénoncé l'aggravation de la répression contre la population civile et exhorté les dirigeants syriens à des réformes.

«La répression s'aggrave en Syrie tandis que s'accumulent les informations sur l'existence de fosses communes et les témoignages de torture», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Il a précisé que «plus que jamais, la France poursuivait sa mobilisation avec ses partenaires à l'Union européenne et aux Nations unies pour dénoncer la répression et mettre les autorités syriennes face à leurs responsabilités».

Depuis le début des violences, les autorités syriennes attribuent les troubles à des «groupes criminels ou terroristes», dont certains liés à l'étranger.

Les contestataires, qui exigeaient au départ la levée de l'état d'urgence et la fin de la suprématie du parti Baas, réclament désormais la chute du régime qui a dirigé le pays d'une main de fer depuis plus de 40 ans.