L'opposition en Syrie a lancé mardi un appel à la grève générale pour mercredi, défiant une nouvelle fois le régime de Bachar al-Assad, soumis à de plus en plus de pressions à l'étranger, les États-Unis annonçant des mesures «supplémentaires» dans les «jours à venir».

«Mercredi sera une journée de grève générale en Syrie», affirme un communiqué publié sur la page Facebook de «Syrian Revolution 2011», moteur du mouvement de contestation lancé à la mi-mars contre le régime.

«Faisons de ce mercredi un vendredi (jour habituel de manifestations), avec des manifestations massives, pas d'école, pas d'université, pas de commerces ou de restaurants ouverts et même pas de taxis».

Le mouvement de contestation sans précédent du régime se poursuit malgré l'ampleur de la répression qui a fait, selon les ONG, plus de 800 morts et entraîné au moins 8000 arrestations.

La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a annoncé que «des mesures supplémentaires» seraient prises «dans les jours à venir» en réponse à cette répression. Elle a également accusé Damas d'avoir «adopté les pires tactiques de son allié iranien».

Elle s'exprimait à l'issue d'un entretien avec la représentante diplomatique de l'UE, Catherine Ashton, qui a qualifié la situation «d'extrêmement alarmante».

Mme Ashton a dit s'être rendue à Washington afin de «discuter de ce que nous pouvons faire». «Il est extrêmement urgent que le gouvernement syrien agisse», a-t-elle dit, faute de quoi la communauté internationale envisagerait «toutes les options».

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a affirmé de son côté qu'une majorité était «en train de se dessiner» à l'ONU pour condamner la répression, en précisant qu'une menace de veto de Moscou et Pékin sur un texte existait toujours.

Les pays de l'Union européenne (UE) travaillent en vue d'élargir leurs sanctions contre le régime syrien à une dizaine de personnes, dont le président Assad, en raison de la répression, avec une décision attendue en principe lundi prochain.

Des discussions en ce sens ont eu lieu mardi à Bruxelles entre les ambassadeurs des 27 États de l'Union, selon des sources diplomatiques.

L'UE a déjà imposé des sanctions (gel des avoirs, interdiction de visas d'entrée) à 13 responsables syriens, dont des membres de la famille du président, ainsi qu'un embargo sur les armes susceptibles d'être utilisées à des fins répressives.

Sur le terrain, les autorités ont démenti l'existence d'une fosse commune à Deraa, ville du sud où est née la contestation, admettant cependant que cinq corps y avaient été découverts.

«Cette information est totalement fausse», a indiqué un responsable au ministère de l'Intérieur cité par l'agence officielle Sana, parlant d'une «campagne calomnieuse (...) montée de toutes pièces».

Sana, citant un responsable local à Deraa, a indiqué que cinq corps avaient été découverts dans la ville dimanche et que le procureur local avait ouvert une enquête. L'agence ne précise pas comment les corps ont été découverts ni comment les victimes sont mortes.

Le militant Ammar Qourabi, de l'Organisation nationale pour les droits de l'homme en Syrie qui avait annoncé lundi la découverte de la fosse commune, a indiqué mardi à l'AFP qu'une seconde avait été découverte.

«L'une contenait 24 corps et l'autre sept, dont les cinq mentionnés par les autorités ainsi qu'une femme non identifiée et son fils». Il a appelé les autorités à ouvrir une enquête.

Rami Abdel Rahmane, de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres, a lui insisté sur l'existence d'une seule fosse, contenant les cinq corps.

L'armée avait assiégé Deraa, située à 100 km au sud de Damas, le 25 avril pour mater la contestation, avant d'entamer son retrait le 5 mai.

Rami Abdel Rahmane a fait en outre état de l'arrestation dimanche d'un des chefs de file de la contestation, Anas al-Choughri, dans la ville côtière de Banias (ouest).

Plus de 800 personnes, dont des femmes et des enfants, ont perdu la vie lors de la répression et au moins 8000 ont été arrêtées, selon les organisations de défense des droits de l'homme.

Le régime de Bachar al-Assad attribue pour sa part ces troubles à «des groupes terroristes armés», dont certains sont à la solde de l'étranger.