Le régime libyen a répété dimanche être prêt à un cessez-le-feu en échange d'un arrêt des frappes de l'OTAN, en recevant l'envoyé spécial de l'ONU trois mois après le début de la révolte en Libye contre le régime autoritaire du dirigeant Mouammar Kadhafi.

Le chef du gouvernement libyen Baghdadi Mahmoudi a indiqué, en recevant Adbel-Elah al-Khatib, que le régime souhaitait «un cessez-le-feu immédiat qui coïnciderait avec un arrêt des bombardements de l'OTAN», selon l'agence officielle Jana.

Il a dénoncé par ailleurs les «abus et violations» commis par l'OTAN, qui a pris le commandement de l'opération militaire en Libye le 31 mars, citant notamment des «assassinats politiques, le siège maritime injuste, le bombardement de sites civils et la destruction de l'infrastructure».

Auparavant, l'envoyé spécial de l'ONU avait été reçu par le ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Al-Obeidi qui avait dénoncé une «tentative d'assassinat» du colonel Kadhafi dont la résidence de Bab Al-Aziziya a été bombardée à plusieurs reprises depuis quelques semaines.

M. Khatib est arrivé d'Athènes, où il avait expliqué samedi que sa visite allait lui «permettre de mieux comprendre la situation politique et d'avancer sur cette affaire».

Trois mois après le déclenchement de la révolte qui a fait des milliers de morts, le colonel Kadhafi est toujours au pouvoir malgré les milliers de bombes lâchées par l'OTAN, et la Libye n'entrevoit pas la fin du conflit qui la déchire.

Sur le plan judiciaire, le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo a assuré être «presque prêt pour un procès», affirmant que ses services ont collecté des preuves «bonnes et solides» permettant d'identifier les principaux responsables.

«Le bureau (du procureur, NDLR) a collecté des éléments de preuves bons et solides pour identifier ceux qui portent la plus grande responsabilité, pas les responsabilités politiques mais plutôt les responsabilités individuelles pour les crimes commis en Libye», a-t-il dit.

M. Moreno-Ocampo doit déposer lundi matin une requête demandant aux juges de la CPI de délivrer un mandat d'arrêt contre trois personnes portant, selon lui, «la plus grande responsabilité» dans les crimes contre l'humanité commis en Libye depuis la mi-février, dont il rendra l'identité publique.

Depuis le début de la révolte, le 15 février, les violences ont fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), et poussé près de 750 000 personnes à fuir, d'après l'ONU.

Dimanche, plusieurs explosions ont secoué l'est de la capitale libyenne cible quasi quotidienne des frappes de l'OTAN.

L'OTAN a indiqué avoir touché dimanche deux véhicules de l'infanterie et un véhicule blindé sur Tripoli, deux lances roquettes dans la zone de Misrata (200 km est de Tripoli), deux véhicules de l'infanterie près de Zenten (ouest) et un site de stockage de munitions à Al-Qaryat (200 km au sud de Tripoli).

Selon l'agence Jana, des sites «militaires et civils» dans la ville de Zouara, à 120 km à l'ouest de Tripoli, ont également été les cibles de raids, faisant état de «pertes humaines et de dégâts matériels».

Un porte-parole de l'OTAN a confirmé «des attaques ce matin dans la région de Zouara contre des équipements militaires utilisés par les forces de Kadhafi pour viser des civils».

Le chef d'état-major de l'armée britannique, le général David Richards, a demandé une intensification des bombardements aériens de l'OTAN, dans un entretien publié par le Sunday Telegraph.

«L'étau se resserre sur Kadhafi, mais nous avons besoin d'augmenter la pression au travers d'une action militaire plus intense», a affirmé le général, en réclamant un «élargissement des cibles» retenues par l'OTAN.

«L'isolement de Kadhafi est irréversible», a estimé pour sa part Jalal Al-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition, organe politique des rebelles.

Selon lui, un groupe d'experts législatifs, avec la collaboration de constitutionnalistes français, planche sur un projet de Constitution.

«L'idéal serait qu'une fois que Kadhafi aura cédé le pouvoir, il y ait une période de 8 mois environ de consultation, parce que les gens de Tripoli, la capitale, doivent l'examiner, et ensuite un référendum».

À la frontière tunisienne, l'armée tunisienne a repoussé samedi une tentative d'infiltration des troupes de l'armée libyenne, a rapporté l'agence officielle tunisienne TAP citant une source militaire de haut rang. Selon cette source, les pro-Kadhafi voulaient surprendre, à partir du territoire tunisien, les insurgés qui contrôlent le poste frontière de Wazen-Dehiba.

Par ailleurs, quelque 222 clandestins africains tentant de rallier clandestinement l'Italie en provenance de la Libye, ont été secourus samedi par la garde maritime tunisienne au large de Zarzis (sud de la Tunisie), selon TAP.