Les autorités de Bahreïn ont annoncé dimanche la levée le 1er juin de l'état d'urgence, mis en place pour mater la contestation populaire, alors qu'elles commençaient à juger des dirigeants de l'opposition.

Le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa a décrété que l'état d'urgence qu'il avait proclamé le 15 mars serait levé «dans toutes les régions de Bahreïn le 1er juin», a annoncé l'agence officielle BNA.

Le roi avait proclamé l'état d'urgence pour une période de trois mois, au lendemain de l'arrivée de troupes du Golfe venues l'aider à contenir la contestation chiite.

La vague de protestation populaire et sa répression ont fait entre la mi-février et la mi-mars 24 morts, selon Manama. Quatre manifestants sont morts depuis en détention.

En vertu du décret royal, l'état d'urgence qui prévoit l'interdiction des rassemblements sera levé deux semaines avant l'échéance prévue initialement.

Selon Amnesty International, l'imposition de l'état d'urgence a servi à des arrestations sans mandat judiciaire, à la détention au secret de protestataires et de militants politiques, et au jugement de civils par des tribunaux militaires.

Dans ce contexte, des chefs de l'opposition bahreïnie arrêtés à la mi-mars ont comparu dimanche devant un tribunal d'exception sous l'accusation d'avoir formé une organisation terroriste et d'avoir tenté de renverser la monarchie.

Au total, 21 personnes doivent être jugées devant ce tribunal, dont sept par contumace, selon BNA.

Seuls les avocats et deux membres de la famille de chaque accusé étaient autorisés à assister au procès, dont la prochaine audience a été fixée à jeudi, a déclaré à l'AFP Nabil Rajab, chef du Centre de Bahreïn pour les droits de l'Homme.

Selon lui, les accusés risquent la peine de mort au regard des charges retenues contre eux.

Parmi les accusés se trouve Ibrahim Chérif, le chef sunnite du groupe Waed, une formation de la gauche laïque, qui avait joué un rôle de premier plan dans le mouvement de protestation, selon l'agence.

Hassan Mashaimaa, le chef du mouvement de l'opposition chiite Haq, Abdelwahab Hussein, chef du mouvement islamique chiite Wafa, et le militant chiite des droits de l'Homme Abdelhadi al-Khawaja font partie également du groupe.

Les accusés sont poursuivis pour avoir «formé et dirigé un groupe terroriste visant à changer la Constitution et le régime monarchique», selon l'acte d'accusation cité par BNA.

Ils sont également accusés «d'avoir été en contact avec un groupe terroriste à l'étranger, qui agit dans l'intérêt d'un pays étranger en procédant à des actes hostiles contre le Royaume de Bahreïn» et d'avoir procédé à une «collecte de fonds pour ce groupe».

Des organisations de défense des droits de l'Homme ont dénoncé à plusieurs reprises la répression à Bahreïn et se sont élevées contre la condamnation à mort la semaine dernière de quatre chiites reconnus coupables d'avoir tué deux policiers lors des manifestations.

L'intervention des troupes communes du Golfe à Bahreïn avait provoqué une vive tension entre les monarchies pétrolières de la région et l'Iran chiite.

Les Émirats arabes unis ont souligné dimanche la nécessité de préserver la stabilité de la région du Golfe et défendu la position de Bahreïn, en recevant le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi.

Mais M. Salehi, dans des propos rapportés par la télévision d'État iranienne, a de nouveau appelé au «retrait des troupes étrangères de Bahreïn» et à «répondre aux demandes légitimes du peuple» bahreïni.