Une des principales figures de l'opposition syrienne Riad Seif a été arrêté vendredi à Damas tandis que les services de sécurité ont blessé par balles deux manifestants à Homs, troisième ville de Syrie.

«Riad Seif a été interpellé après la prière du vendredi à proximité de la mosquée al-Hassan dans le quartier Midane», a indiqué à l'AFP le président de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane.

Une manifestation rassemblant plusieurs centaines de personnes avait eu lieu à la sortie de la mosquée.

M. Seif, 64 ans, a purgé une peine de deux ans et demi de prison (janvier 2008-juillet 2010) pour avoir appelé à la démocratie. Il fait partie des 12 opposants qui avaient signé la «Déclaration de Damas», appelant à un changement démocratique en Syrie.

En 2001, il avait déjà été condamné à cinq ans de prison sous l'accusation d'avoir voulu «changer la Constitution d'une manière illégale».

Par ailleurs, selon un militant des droits de l'Homme à Homs, deux personnes ont été blessées par les tirs des forces de sécurité lors d'une manifestation de plusieurs milliers de personnes.

Dans cette cité industrielle située à 160 km au nord de Damas, des chars ont pris position dans divers endroits du centre et plusieurs quartiers périphériques, dont Baba Amr et Deir Baalba.

Les services de sécurité, à l'aide de haut-parleurs placés sur des camionnettes, appelaient les habitants ayant participé à des manifestations à se rendre au commissariat de leur quartier, «s'ils ne veulent pas être arrêtés et punis». Ils sommaient également les commerçants de rentrer chez eux et les habitants de ne pas sortir.

Selon Najati Tayara, un autre militant à Homs, «des dizaines de personnes ont été arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs quartiers».

D'après un militant politique kurde, Hassan Berro, des manifestations rassemblant au total 9.000 personnes ont par ailleurs eu lieu à Qamishli, à Amouda et à Derbasiyeé, trois localités à majorité kurde dans le nord de la Syrie.

En outre, selon un militant des droits de l'Homme, 2.500 personnes ont manifesté à Banias, sur la côté méditerranéenne, et d'autres ont défilé à Kafar Noubol, à 240 km au nord de Damas, à Deir Ez-Zor, à 460 km à l'est de la capitale, et à Al Bukamal, une localité frontalière avec l'Irak.

À Saqba, près de Damas, des milliers de personnes ont également manifesté en réclamant la chute du régime et la libération des prisonniers. Jeudi, 300 personnes avaient été arrêtées dans cette localité.

Le ministère de l'Intérieur avait appelé les Syriens à «s'abstenir de participer à tout sit-in ou manifestation», alors que les opposants avaient convié sur internet à une journée baptisée «vendredi du défi».

«C'est un message à tous ceux qui sont conscients de la situation. Nous ne bougerons pas. Nous nous sacrifierons pour la liberté, la dignité et la fierté. Pour elles, nous défions le monde», affirme un texte posté sur le site «The Syrian Revolution 2011» créé par de jeunes militants.

À 100 km au sud de Damas, l'armée poursuivait pendant ce temps son retrait de Deraa, épicentre de la contestation contre le régime.

«Durant toute la nuit, elles se sont retirées de Deraa et cela se poursuit aujourd'hui. Le départ des troupes se fait graduellement», a déclaré à l'AFP le général Riad Haddad, directeur du département politique de l'armée.

L'armée, qui a débuté jeudi matin son retrait, avait investi la ville le 25 avril pour mater la contestation. Le général a fait état de l'arrestation de quelque 600 personnes à Deraa depuis le 25 avril.

Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, au moins 8.000 personnes ont été interpellées en Syrie, selon l'organisation Insan.

À Bruxelles, l'Union européenne était appelée de son côté à trancher sur des sanctions visant directement ou non le président syrien, un point qui fait encore débat entre les 27 États membres, selon des diplomates.