Le port de Misrata, ville rebelle libyenne encerclée par les forces pro-Kadhafi, était en flammes dimanche en début de soirée après de violents bombardements qui ont fait au moins deux morts, ont rapporté des témoins.        

Le port est essentiel pour l'approvisionnement de Misrata, assiégée depuis deux mois par les troupes gouvernementales et dont tous les accès terrestres sont coupés. Il avait déjà été touché par une volée de roquettes dimanche vers 06H15, sans grands dégâts et sans faire de victimes.

Peu avant 18h00 locales, des dizaines de roquettes l'ont frappé, détruisant notamment l'entrée principale gardée par des combattants rebelles, dont au moins deux ont été tués, selon les témoins, des habitants de Misrata et des journalistes occidentaux.

Aux environs de 21h00, le calme était revenu et le pilonnage semblait avoir pris fin, après plus de trois heures de violentes explosions qui ont résonné au loin, parfois en longues rafales.

Des détonations semblaient aussi provenir de la zone de l'aéroport, principale zone de combats ces derniers jours. Quelques rafales de mitrailleuses lourdes se sont brièvement fait entendre, témoignant d'une réaction des forces rebelles, puis se sont rapidement interrompues.

Dans l'après-midi, à partir de 14h00, les soldats loyalistes avaient déjà bombardé la zone de l'aéroport, tuant plusieurs combattants rebelles, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Des centaines de réfugiés africains attendant leur évacuation se trouvaient dimanche soir juste à côté du port, dans un camp de tentes où certains vivent depuis plusieurs semaines. Leur sort était inconnu vers 19h30.

Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'OIM (Organisation internationale pour les migrations), patientaient au large de Misrata depuis samedi, attendant le feu vert de l'OTAN pour entrer en rade.

«Aucun bateau ne se trouve dans le port» dimanche soir, a assuré à l'AFP un porte-parole des rebelles qui s'y trouvait au moment de l'attaque, «le bateau turc est parti, et le bateau de l'OIM n'y est pas entré, ils sont indemnes».

Selon un porte-parole de l'OIM, le navire transporte 180 tonnes d'aide humanitaire qu'il veut débarquer au port de Misrata, pour pouvoir ensuite embarquer un millier de passagers, des travailleurs immigrés et des Libyens blessés.

«Nous n'avons pas le feu vert de l'Otan et des autorités portuaires. On restera le temps qu'il faudra au large», a-t-il précisé.

Le bateau turc a pu quitter la rade, sans dommages, même si «des obus ont explosé très très près», selon une équipe de journalistes qui se trouvait sur place.

Mardi, une volée de roquettes était déjà tombée sur le port. Un projectile avait explosé dans le camp de tentes, tuant un réfugié nigérien sur le coup et en blessant plusieurs autres.

Tripoli avait appelé vendredi «tous les groupes armés à Misrata à déposer les armes en échange d'une amnistie», précisant que l'offre tient jusqu'au 3 mai. Le régime libyen avait également menacé de frapper les navires entrant dans le port.

Des navires de l'OTAN avaient neutralisé vendredi et samedi des mines posées par les forces loyalistes au large du port de Misrata, bloquant l'arrivée des bateaux humanitaires jusqu'à ce que la zone soit sécurisée.