Environ 250 villageois de Syrie, pays en proie à des troubles politiques meurtriers, qui tentaient vendredi d'entrer en Turquie, ont été stoppés à la frontière par les forces de sécurité turques, a annoncé l'agence de presse Anatolie.

L'incident, au cours duquel les villageois ont pénétré de quelques mètres en Turquie, s'est produit près de la ville de Yayladagi, dans la province de Hatay, qui borde la Syrie.

Inquiets des troubles politiques meurtriers qui se poursuivent dans leur pays, les ressortissants syriens, dont des femmes et des enfants, venaient de villages situés de l'autre côté de la frontière, selon l'agence de presse turque.

Les villageois brandissaient des drapeaux turcs et scandaient des slogans tels que «Nous voulons la démocratie» et «Nous voulons vivre comme les Turcs», selon l'agence semi-officielle turque.

Ils ont demandé à parler aux autorités locales et le plus haut fonctionnaire de Yayladagi s'est rendu sur place pour les rencontrer, selon la même source.

Depuis le 15 mars, la Syrie est secouée par des manifestations de contestation politique, réprimées dans le sang par le régime. Selon les associations de défense des droits de l'Homme, au moins 453 personnes ont été tuées.

La Turquie redoute que ces troubles portent atteinte aux relations turco-syriennes, qui sont étroites depuis plusieurs années, et qu'ils aient des conséquences sur la sécurité intérieure turque.

Un responsable turc a déclaré cette semaine à l'AFP qu'un afflux éventuel de réfugiés syriens en Turquie poserait un risque sécuritaire.

«Il serait difficile de faire la différence entre les civils et les gens du PKK», a expliqué ce responsable, faisant référence aux militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les rebelles kurdes de Turquie qui bénéficient de soutiens parmi les Kurdes de Syrie.

Le PKK mène depuis 1984 une lutte armée contre les forces turques, dans un conflit qui a fait environ 45.000 morts.

Des émissaires turcs se sont rendus jeudi à Damas, pour tenter de persuader le régime baasiste syrien de mener des réformes.

La mission turque, dirigée par le chef des renseignements (MIT) Hakan Fidan et le directeur de l'agence du plan économique (DPT), Kemal Madenoglu, s'est entretenue avec le président Bachar al-Assad et le Premier ministre Adel Safar, a indiqué à l'AFP une source diplomatique turque.

Le chef du gouvernement turc Recep Tayyip Erdogan s'était entretenu mardi au téléphone avec le président syrien, pour, avait-il dit, lui faire part de «notre inquiétude, nos craintes, notre inconfort face aux récents événements».

Jeudi, le Conseil national de sécurité (MGK), regroupant les dirigeants civils et militaires turcs, a appelé les forces de sécurité syriennes à la modération, insistant sur la nécessité de «gestes urgents et déterminés pour installer la paix sociale et la stabilité» en Syrie.