Les États-Unis et l'Union européenne (UE) ont décidé de prendre des sanctions contre la Syrie, où 62 manifestants ont été tués vendredi, selon des militants des droits de l'homme.

Les autorités ont déploré de leur côté la mort de neuf militaires et policiers.

En raison de «violations des droits de l'homme», le président Obama a décidé des sanctions économiques contre le frère cadet du président syrien, Maher el-Assad, un haut responsable de l'armée syrienne, Ali Mamlouk, chef des services de renseignement et Atef Najib, présenté comme l'ancien chef du renseignement pour la province de Deraa (sud), a annoncé vendredi la Maison-Blanche.

L'UE a l'intention de décréter un embargo sur les armes et de préparer d'autres sanctions contre le régime syrien en réponse à la répression sanglante, a-t-on appris vendredi de sources diplomatiques à Bruxelles.

Pour sa part, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté vendredi une résolution demandant l'envoi urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur les violations des droits de l'homme.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres, a fait état de 62 morts, dont 33 dans la province méridionale de Deraa, 27 dans celle d'Homs (centre) et deux à Lattaquié (nord-ouest) et dans ses environs.

Selon des militants locaux des droits de l'homme, à Deraa, berceau de la contestation, au moins 35 personnes, venues des villages voisins pour apporter des vivres aux habitants de la ville assiégée depuis lundi, ont été tuées et des dizaines d'autres blessées par les forces de sécurité.

Vendredi dernier, la répression y avait fait plus de 80 morts.

Parallèlement, un porte-parole militaire a affirmé que cinq soldats ont été tués et deux autres dans deux attaques perpétrées par des «groupes terroristes armés» à Deraa. Deux militaires qui avaient été enlevés à l'aube ont été «récupérés».

En outre, trois militaires ont également été tués dans les villages Telbissé et El Rustun, par des «groupes terroristes» qui tentaient de couper la route entre Homs et Hama.

À Homs, ville industrielle située à 160 km au nord de la capitale Damas, et ses environs, un militant local des droits de l'homme a fait état de neuf personnes tuées par les forces de sécurité lors d'une manifestation de plusieurs milliers de personnes demandant la chute du régime.

Une source au ministère de l'Intérieur a annoncé pour sa part qu'un policier a été tué et deux de ses collègues blessés par balle par des «groupes terroristes extrémistes» à Homs. Dans un premier temps, elle avait fait état de trois tués.

Six semaines après le début du mouvement de contestation sans précédent contre le régime du président Bachar el-Assad, quelques dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes malgré l'interdiction.

Ainsi, 2000 manifestants se sont rassemblés dans le quartier de Midane à Damas, ont déclaré des militants à l'AFP. Et plusieurs milliers d'autres se sont rassemblés à Saqba, près de la capitale.

À Banias (nord-ouest), près de 10 000 personnes ont scandé «Liberté, solidarité avec Deraa» et selon Omar el Habbal, un opposant syrien de Hama, 210 km au nord de la capitale, «plusieurs milliers d'habitants sont sortis dans les rues et (...) certains ont enlevé des portraits de Bachar el-Assad accrochés sur des bâtiments gouvernementaux».

À Deir Ez-Zor, à 460 km au nord-est de Damas, un millier de protestataires ont été dispersés «à coups de bâtons et de câbles électriques» et à Ar Raqqa, à 540 km au nord-est de la capitale, 300 à 400 personnes ont manifesté.

Dans la région à majorité kurde du nord de la Syrie, 15 000 personnes ont défilé sans incident à Qamichli et dans trois localités environnantes.

Les autorités avaient pourtant appelé «les citoyens à s'abstenir de mener des manifestations ou des sit-in sans autorisation officielle», selon un communiqué du ministère de l'Intérieur.

Les Frères musulmans, principal groupe d'opposition dans le pays, ont accusé le régime de perpétrer un «génocide».

Environ 250 villageois syriens tentant d'entrer en Turquie vendredi ont été stoppés à la frontière par les forces de sécurité turques, alors qu'un millier d'autres ont fui vers le nord du Liban ces dernières 48 heures.