Alors que les alliés de l'OTAN estiment que les États-Unis devraient en faire plus dans l'opération militaire en Libye, des responsables du Pentagone ont révélé, mercredi, que des avions de combat américains avaient poursuivi les frappes aériennes dans le pays après que les États-Unis eurent transféré la responsabilité de la mission à l'OTAN, la semaine dernière.

Cette révélation est survenue alors que des responsables du Pentagone détaillaient la participation des États-Unis dans le conflit libyen au cours des dix derniers jours. Les responsables ont notamment révélé que les États-Unis avaient assuré 35 pour cent des missions aériennes.

Ces missions, ont-ils dit, comprenaient des bombardements contre des lance-missiles sol-air, de même que des missions de surveillance et de ravitaillement.

C'est la première fois que le Pentagone admet que les frappes aériennes américaines se sont poursuivies après le transfert de la responsabilité de la mission à l'OTAN, le 4 avril.

Selon les responsables du Pentagone, onze avions de combat américains ont été assignés à l'OTAN pour débusquer et neutraliser les systèmes libyens de défense aérienne.

Cette révélation soulève des questions, parce que les responsables militaires américains ont plusieurs fois répété, au cours des derniers jours, que les avions de combat américains mèneraient des frappes en Libye seulement si l'OTAN en faisait la demande, et si la demande était approuvée par les hauts responsables du Pentagone.

Un porte-parole du département de la Défense, le colonel Dave Kaplan, a déclaré mercredi devant des journalistes que l'OTAN n'avait pas réclamé le soutien des États-Unis depuis que l'alliance a pris le contrôle des opérations en Libye.

Mais le colonel Kaplan a précisé que le processus d'approbation ne s'appliquait qu'aux frappes aériennes destinées à protéger les civils contre les assauts des forces de Mouammar Kadhafi. Ces frappes peuvent viser les colonnes de chars ou d'autres forces qui se déplacent en direction des zones civiles.

Les avions de combat américains assignés à l'OTAN sont exclusivement utilisés dans les missions visant à détruire les défenses aériennes de l'ennemi, a dit le colonel Kaplan.

Les onze appareils sont considérés comme faisant partie des avions de l'OTAN, mais sont soumis à un commandement distinct et visent à rendre plus sûre et plus efficace la zone d'exclusion aérienne approuvée par l'ONU.

La distinction est mince, puisque l'objectif de la zone d'exclusion aérienne est de protéger les civils.

Questionné sur les raisons pour lesquelles les responsables n'ont pas révélé les récentes frappes américaines en Libye avant mercredi, un haut responsable de la Défense ayant requis l'anonymat a affirmé que l'armée considérait ces frappes comme des actes de défense, et non comme des «opérations de frappe offensive».

Signe que l'OTAN n'a pas encore accompli sa mission de protéger les civils contre les attaques des forces gouvernementales, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a déclaré mercredi que les États-Unis recevaient des informations troublantes sur les «atrocités renouvelées» des troupes pro-Kadhafi.

«Les milices et les mercenaires du régime ont poursuivi leurs attaques contre les civils à Misrata, tirant (...)  de façon indiscriminée sur les zones résidentielles de la ville», a affirmé Mme Clinton dans un communiqué.

«Le régime aurait détruit des entrepôts stratégiques de nourriture et coupé l'eau et l'électricité dans la ville, soumettant les Libyens à un siège dans une apparente tentative de les affamer jusqu'à la soumission. Des tireurs d'élite ont visé des civils qui cherchaient à obtenir des soins médicaux, et des milliers de civils ont été forcés de quitter leur maison par les attaques de chars et d'artillerie du régime», a ajouté la secrétaire d'État.