Le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron sont d'accord pour accroître «la pression militaire» sur Mouammar Kadhafi, a indiqué mercredi l'Elysée après un entretien entre les deux responsables à la veille d'une réunion de l'OTAN.

A l'occasion d'un entretien puis d'un dîner de travail, MM. Sarkozy et Cameron ont manifesté leur accord pour accroître la «pression militaire» sur le régime du dirigeant libyen, qui «reste déterminé à maintenir son effort de guerre contre sa propre population», a-t-on indiqué de même source.

«Tous les moyens doivent être mis à disposition», a souligné l'Élysée, au lendemain des appels lancés par la France et la Grande-Bretagne aux autres pays de l'OTAN intervenant en Libye pour qu'ils intensifient leurs efforts militaires alors que pèse la crainte d'un enlisement du conflit.

«Il est important que la coalition montre sa totale détermination à protéger les populations civiles, à faire cesser les sièges, dignes du Moyen-Age, de Misrata et Zenten (ouest), et à faire rentrer les troupes de Kadhafi dans leurs casernes», a-t-on précisé de source française.

Cette rencontre intervient à la veille d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l'Alliance atlantique qui doivent faire le point à Berlin, jeudi et vendredi, sur un règlement de la crise libyenne encore difficile à cerner, deux semaines après le début de l'intervention de l'OTAN en Libye.

La France et la Grande-Bretagne ont été en pointe pour convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution autorisant «toutes les mesures nécessaires», y compris des frappes aériennes, pour protéger les populations civiles de la répression du régime de Mouammar Kadhafi.

Mais le ministre français de la Défense Gérard Longuet a déploré mardi que Paris et Londres supportent «l'essentiel» de l'effort de la coalition internationale. De son côté, le chef de la diplomatie britannique William Hague a plaidé à Luxembourg pour «maintenir et intensifier (les) efforts au sein de l'OTAN».

Avant son entretien avec M. Sarkozy, M. Cameron avait lui aussi confié à la chaîne de télévision britannique Sky News que la France et la Grande-Bretagne voulaient «vraiment faire pression sur Kadhafi et mettre un terme au meurtre horrible de civils qu'il continue de perpétrer».

Cette rencontre intervient au soir d'une réunion mercredi à Doha du groupe de contact chargé du pilotage «politique» de l'opération qui a insisté sur la nécessité d'un départ du dirigeant libyen pour parvenir à un règlement en Libye et décidé la mise en place d'un mécanisme financier pour aider la rébellion.

Lors de leurs échanges, le président français et le Premier ministre britannique ont également plaidé pour un soutien accru à l'opposition libyenne regroupée au sein du Conseil national de transition (CNT).

«Le CNT incarne seul les espoirs du peuple libyen» et «représente toutes les tendances» de l'opposition, a indiqué l'Élysée, «il est très important qu'il sente que la communauté internationale le soutient».

Evoquant les appels lancés par le CNT pour que la coalition lui fournisse des armes, l'entourage du chef de l'État a fait savoir que la France avait décidé de ne pas y répondre. «Ca ne veut pas dire que nous n'avons pas de sympathie pour ceux qui le font, mais la France ne le fait pas», a-t-on commenté.

Sur le front des discussions sur l'avenir politique de la Libye, MM. Sarkozy et Cameron ont fait part de leur intention de «rapprocher» les différentes initiatives de règlement déjà sur la table.

«Il est important d'éviter une trop grande profusion d'initiatives politiques. Elles ont des nuances dont Kadhafi joue pour trouver un espace», a-t-on estimé à l'Élysée.

«Kadhafi doit partir, le plus tôt sera le mieux», a également souligné la même source, «mais nous ne devons pas attendre qu'il soit parti pour organiser les initiatives politiques libyennes».