Le Canada pourrait jouer un rôle plus important dans le dossier de la Libye, mais sur le plan diplomatique plutôt que militaire, croit Michael Ignatieff, qui rejette catégoriquement l'envoi de troupes au sol.

«Nous sommes allés en Libye pour faire une seule tâche: prévenir le massacre de civils par un dictateur brutal. Et nous avons réussi. Nous avons évité le pire», a estimé le chef du Parti libéral du Canada.

À la fin de la semaine dernière, les chefs de parti ont été appelés à réagir aux propos de l'ex-chef d'état-major de la Défense Rick Hillier, qui estimait que la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne en Libye, sous l'égide de l'ONU, n'était qu'une «demi-mesure» qui pourrait ne pas donner les résultats escomptés.

Trois semaines après les premières frappes aériennes, Mouammar Kadhafi est toujours en place et ses troupes résistent à l'avancée des insurgés.

«C'est une mission qui entre dans le cadre de la responsabilité de protéger, et ça n'inclut pas l'intervention au sol, a jugé M. Ignatieff, catégorique. L'avenir de la Libye doit être déterminé par les Libyens. Ce n'est pas approprié pour des forces étrangères d'aller sur le terrain pour pousser le colonel Kadhafi vers la sortie.»

«Reponsabilité de protéger»

Au début des années 2000, l'actuel chef du Parti libéral a participé au comité de l'ONU qui a défini le principe de «responsabilité de protéger», utilisé depuis pour des missions comme celle en Libye.

Aujourd'hui, Michael Ignatieff estime que c'est par les voies diplomatiques et politiques que doit s'exercer la pression pour faire partir le colonel Kadhafi.

«Il y a plein d'options à considérer dans la responsabilité de protéger: des leviers financiers, des sanctions, de l'isolement. Il y a tout un éventail d'options non militaires, qui peuvent être complémentaires à la protection des citoyens libyens», a-t-il souligné.

Bloc et NPD

Les chefs du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et du NPD, Jack Layton, ont tous deux insisté sur l'importance de faire approuver par le Parlement canadien toute prolongation de la participation militaire en Libye.

«Nous avons indiqué dès le début que nous étions inquiets que ça se transforme en conflit à long terme, a indiqué M. Layton. C'est pourquoi nous avons insisté pour que la question revienne devant le Parlement après trois mois, et nous insisterons alors pour avoir une stratégie de sortie.»

«On a eu un accord unanime de la Chambre des communes: il n'y a pas de troupes qui participeront au sol. Il y a six avions et un bateau, c'est ce qui a été voté», a souligné pour sa part M. Duceppe.

Prudent, Stephen Harper a indiqué qu'il suivrait les indications de l'ONU dans le dossier.

«C'est une mission difficile. Nous travaillons sous le mandat du Conseil de sécurité des Nations unies. Évidemment, je ne vais pas faire de déclarations unilatérales à cet égard: nous travaillons avec nos alliés internationaux pour continuer à protéger la population de la Libye», a dit le chef conservateur.