Des dizaines de milliers de Yéménites ont conspué le régime dimanche, au lendemain de combats de rue entre manifestants et policiers à Sanaa et Taëz qui ont fait un mort, alors que les monarchies du Golfe tentaient de trouver une issue à la crise.

Un manifestant a été tué et des dizaines de personnes blessées lors de heurts avec les forces de l'ordre samedi, qui se sont poursuivis pendant une bonne partie de la nuit, selon un bilan fourni dimanche par des sources médicales et par des comités encadrant les protestations contre le régime.

Le manifestant est mort à Taëz, ville située au sud de la capitale et où quatre manifestants avaient été tués vendredi.

En outre, 43 manifestants ont été blessés par balle, 29 par des coups de bâton, 580 autres ont souffert de suffocations après avoir inhalé des gaz lacrymogènes. Une vingtaine d'autres manifestants ont été arrêtés.

Le bilan est tout aussi lourd à Sanaa, où 30 manifestants ont été blessés par balle, 80 par des coups de bâton et 1200 ont été soignés pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes, selon des sources médicales.

Après ces affrontements nocturnes, des dizaines de milliers de Yéménites opposés au président Ali Abdallah Saleh ont manifesté dimanche sans incident à Sanaa, à Taëz et Ibb, plus au sud-ouest, ainsi qu'à Hodeïda, sur la mer Rouge, selon des témoins.

À Sanaa, les protestataires, qui campent depuis près de deux mois sur la place du Changement, ont défilé sur l'une des principales artères de la capitale, en répétant des slogans appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Ils arboraient le drapeau national et ceux de plusieurs pays arabes, dont celui du Qatar. Ce pays du Golfe a suscité la colère de Sanaa pour avoir envisagé le départ de M. Saleh dans le cadre d'une médiation régionale dans la crise yéménite.

Le chef de l'État a rejeté vendredi cette médiation dans sa version annoncée par le Qatar et qui prévoit clairement qu'il cède le pouvoir, tout en continuant de dire qu'il restait ouvert à l'offre des pays du Golfe.

En signe de colère, il a rappelé samedi son ambassadeur à Doha.

Cela n'a pas empêché le Conseil de coopération du Golfe (CCG) de convoquer une nouvelle réunion dimanche à Riyad sur le Yémen au niveau ministériel.

Le ministre yéménite des Affaires étrangères Abou Bakr Al-Kourbi doit participer à cette réunion, selon son homologue koweïtien, cheikh Mohammad Sabah al-Salem Al-Sabah.

Les monarchies arabes du Golfe, que l'instabilité au Yémen inquiète, avaient proposé lors d'une réunion ministérielle il y a une semaine à Riyad leur médiation entre l'opposition et le pouvoir au Yémen.

Le Yémen est depuis fin janvier le théâtre de manifestations réclamant le départ du président Saleh, qui ont fait une centaine de morts.

Dans un communiqué, l'opposition parlementaire au Yémen a appelé le CCG ainsi que la communauté internationale à «prendre des mesures plus fermes pour protéger la société civile face à la répression et aux tueries».

Dans d'autres violences liées à Al-Qaïda, un colonel des services de renseignements a été assassiné samedi et son fils blessé dans la région de Loder, dans le sud du Yémen, ont indiqué dimanche des sources médicales et de sécurité.

Par ailleurs, un soldat et un militant présumé d'Al-Qaïda, ont été tués dans les combats samedi dans la région proche de Joar, selon une source des services de sécurité.

Les États-Unis collaboraient étroitement avec le régime du président Saleh dans la lutte contre l'organisation terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), née d'une fusion des branches yéménite et saoudienne du réseau, qui est actif dans le sud et l'est du Yémen.