Quatorze personnes ont été blessées samedi à Taëz et au moins sept dans la capitale Sanaa lors de manifestations réclamant le départ immédiat du président yéménite Ali Abdallah Saleh.

Quatorze personnes ont été blessées, dont trois grièvement, à Taëz, ville située au sud de Sanaa, par des tirs de la police, ont indiqué des sources médicales. Au moins 300 autres devaient être soignées pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes, selon elles.

Des témoins ont indiqué que les forces de sécurité avaient attaqué les manifestants réunis près de bureaux gouvernementaux.

La manifestation, qui réunissait des milliers de personnes, visaient à dénoncer les tirs des forces de l'ordre qui avaient fait la veille quatre morts et 116 blessés, selon des sources médicales.

Les manifestants ont réclamé le procès des responsables de ce qu'ils ont qualifié de «tuerie» et scandé «le peuple veut la chute du régime», affirmant leur refus de toute médiation qui ne comprenne pas le départ de M. Saleh.

Par ailleurs, à Sanaa, au moins sept personnes ont été blessées samedi soir lors de heurts entre des manifestants opposés au président Saleh et la police, selon des témoins.

Les policiers ont tiré à balles réelles et fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants réunis Place de l'Université.

Au moins trois manifestants ont été blessés par balle et quatre autres blessés par des partisans du régime qui les ont attaqués à coups de matraque, selon des médecins, qui ont précisé que quelque 150 autres avaient été soignés pour avoir inhalé des gaz lacrymogènes.

Aden, la plus grande ville du Sud, a été quant à elle paralysée par une grève de protestation contre le régime, à l'appel de la coordination des «Jeunes de la révolution du 16 février».

Dans ce contexte tendu, les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui ont offert leur médiation dans la crise yéménite, doivent tenir une réunion dimanche à Riyad, selon un responsable du CCG qui a requis l'anonymat.

La réunion doit se tenir en présence des ambassadeurs au Yémen des pays du CCG (Arabie saoudite, Qatar, Bahreïn, Émirats arabes unis, Oman et Koweït).

Cette réunion intervient alors que le Yémen a rappelé samedi son ambassadeur à Doha pour protester contre les déclarations du premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani.

Cheikh Hamad avait indiqué mercredi que les monarchies du Golfe souhaitaient un accord sur le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

La présidence yéménite a affirmé que M. Saleh accueillait «favorablement» les efforts du CCG conduits par l'Arabie saoudite pour régler la crise «mais refuse les déclarations du Qatar, qui constituent une ingérence inacceptable dans les affaires yéménites».

Les États-Unis ont apporté vendredi un soutien de taille au CCG, saluant son initiative et encourageant la mise en place d'un processus de transition politique.

À Sanaa, le principal rival du président Saleh, le général Ali Mohsen Ahmar, a assuré ne pas avoir d'ambition politique. «L'armée sera à l'avenir sous les ordres des civils et je ne cherche personnellement aucun poste de pouvoir», a-t-il dit.

La défection de ce haut gradé, qui avait annoncé le 21 mars rejoindre la contestation, a porté un coup dur à M. Saleh, qui a été abandonné par d'autres militaires et des chefs tribaux et religieux.

Dans le Sud, des unités de l'armée ont par ailleurs bombardé à l'arme lourde un refuge présumé d'Al-Qaïda, Joar, dans la province d'Abyane, après avoir demandé aux civils de quitter les lieux, a indiqué sous couvert de l'anonymat un officier de l'armée.

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'était dit jeudi «inquiet» du relâchement des pays arabes, dont le Yémen, dans la lutte contre Al-Qaïda, en raison des mouvements de protestation depuis janvier.