L'OTAN, mise en cause par les insurgés, a promis mercredi de protéger les habitants de Misrata, ville de l'ouest libyen bombardée par les forces de Mouammar Kadhafi, auquel les États-Unis ont demandé «des actes» et la «fin des violences».

L'OTAN «va tout faire pour protéger les civils de Misrata», troisième ville du pays à 200 km à l'est de Tripoli, assiégée depuis plus d'un mois et demi par les pro-Kadhafi, a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'OTAN, Carmen Romero, réaffirmant que Misrata était désormais la «priorité numéro un» de l'Alliance.

À Naples, un responsable de l'OTAN a toutefois souligné la difficulté de la tâche, les forces loyalistes se cachant parmi des civils.

«Les forces gouvernementales libyennes ont évolué ces derniers jours vers des tactiques non-conventionnelles, se mélangeant au trafic routier et utilisant des civils comme boucliers dans leur avance» vers des sites tenus par les rebelles, a déclaré à la presse le contre-amiral britannique Russ Harding, commandant adjoint de l'opération «Unified Protector».

Dans l'Est, les forces gouvernementales «avancent en direction d'Ajdabiya, aux mains des rebelles. Ils deviennent une menace directe pour cette ville et au-delà, pour Benghazi», fief de l'opposition, a prévenu le contre-amiral Harding, alors que les combats se poursuivaient mercredi dans la région de Brega (est), à quelques dizaines de kilomètres à l'ouest d'Ajdabiya.

L'OTAN, qui a pris le relais le 31 mars de la coalition multinationale, a multiplié les explications mercredi au lendemain d'une sévère mise en cause de son efficacité par la rébellion.

Leur chef militaire, le général Abdel Fattah Younés, avait accusé l'alliance atlantique de «laisser mourir les habitants de Misrata». «Si l'OTAN attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata», avait-il dit.

Sur un plan diplomatique, la Maison Blanche a lancé mercredi une nouvelle mise en garde au colonel Kadhafi, confirmant que ce dernier avait envoyé un message au président Barack Obama mais sans révéler la teneur de la missive.

«Nous pouvons confirmer qu'il y a eu une lettre, évidemment pas la première» du leader libyen, a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

Il a rappelé que le président Obama répétait depuis des semaines qu'un cessez-le-feu en Libye dépendrait «d'actes et non de mots (et) d'une fin des violences».

Au même moment, un ancien parlementaire américain a annoncé qu'il se trouvait en Libye, à l'invitation de l'entourage de M. Kadhafi. «Notre objectif est de rencontrer le colonel Kadhafi aujourd'hui et de le persuader de quitter le pouvoir», écrit le républicain Curt Weldon dans le New York Times.

L'administration Obama a toutefois souligné qu'il s'agissait d'une initiative privée, contrairement à la mission du diplomate Chris Stevens qui vient de passer plusieurs jours à Benghazi pour entrer en contact avec la rébellion.

L'armée américaine avait retiré lundi les avions de combats qu'elle avait engagés dans la campagne internationale en Libye. Elle ne devrait plus fournir désormais que des avions destinés à effectuer des ravitaillements en vol, ainsi que des missions de brouillage et de surveillance.

Le ministère britannique de la Défense a annoncé que son aviation avait bombardé six véhicules blindés et six chars de l'armée libyenne dans les régions de Misrata et de Syrte (centre-nord).

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a indiqué que Misrata pourrait désormais être ravitaillée par la mer par les insurgés, promettant que la coalition ferait en sorte «qu'à aucun moment les moyens militaires kadhafistes ne puissent l'empêcher».

Autre bouffée d'oxygène pour les insurgés: un pétrolier a appareillé mercredi de la région de Tobrouk (est) avec la première cargaison de pétrole sous contrôle rebelle à quitter le pays depuis le début des frappes aériennes mi-mars, et l'arrêt total des exportations de brut.

Cette cargaison, d'une valeur de 120 millions de dollars au cours actuel du brut, devrait permettre de financer l'effort de guerre de l'insurrection.

À Ajdabiya, des soldats rebelles ont installé un poste de contrôle pour empêcher les jeunes inexpérimentés de rejoindre le front à quelques dizaines de kilomètres. «Qu'est-ce qu'ils vont pouvoir faire contre les tirs d'obus?», a déclaré Sherif Mohammad, un ancien soldat ayant rejoint la rébellion.

Mardi, les insurgés avaient dû reculer d'une trentaine de kilomètres vers l'est face aux coups de boutoir de l'armée loyaliste.

Alors que les discussions en vue d'une solution politique au conflit se multiplient, le régime libyen, cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile, s'est dit prêt au dialogue à condition que la rébellion dépose les armes.

Loin du champ de bataille, un autre drame s'est noué mercredi: environ 150 réfugiés somaliens ou érythréens sont morts ou portés disparus après le naufrage en Méditerranée de leur embarcation en provenance de Libye, selon les autorités italiennes.