Les Yéménites ont manifesté massivement mercredi pour exiger la démission du président Ali Abdallah Saleh, accusé par son principal rival d'avoir voulu l'assassiner, alors que Washington pressait son allié dans la guerre antiterroriste à une transition rapide.

Un manifestant a été tué par balle mardi soir à Taëz, au sud de Sanaa, selon des témoins, portant à au moins 25 morts en deux jours le bilan de la vague de violences à Taëz, Hodeïda, sur la mer Rouge, et dans la capitale Sanaa.

Des centaines de milliers de manifestants réclamant la fin du régime étaient de nouveau mercredi dans les rues à Taëz, tout comme à Aden (sud) où huit militants ont été arrêtés par la police, selon des témoins.

«Dégage, Ali», «Le peuple veut la chute du régime», répétait la foule en convergeant vers la «place de la Liberté», épicentre de la contestation depuis février à Taëz.

Le général Ali Mohsen al-Ahmar, commandant de la région nord-est et de la première division blindée, qui s'est rallié le 21 mars au mouvement de contestation, a accusé le chef de l'État d'avoir cherché à l'éliminer lors d'un guet-apens sanglant mardi à Sanaa.

Dans un communiqué, il a expliqué que des émissaires tribaux se sont présentés au QG de la 1ère division blindée qu'il commande et ont demandé à le voir pour une médiation entre lui et M. Saleh.

Lorsqu'il s'est présenté à eux, des «individus de la garde du président disséminés parmi ces émissaires ont brandi des armes et commencé à tirer en sa direction ainsi que sur les émissaires tribaux», selon le texte.

Fin mars, le général Ahmar avait promis de contribuer au départ de M. Saleh après l'avoir «porté au pouvoir il y a 32 ans».

Sous pression, M. Saleh a accepté une médiation des monarchies du Golfe qui ont invité son gouvernement et l'opposition «à une rencontre à Ryad pour une sortie de crise».

Cette initiative, destinée à «préserver la sécurité, la stabilité et l'unité du Yémen», lui a été communiquée lundi soir par les ambassadeurs d'Arabie saoudite, du Qatar et d'Oman, a rapporté mercredi l'agence officielle Saba.

M. Saleh maintient qu'il ne peut céder le pouvoir que dans le cadre d'un processus constitutionnel après un retour au calme. Ses opposants disent de leur côté n'être prêts à discuter que de son «départ immédiat».

Pressions internationales

Le regain de violences au Yémen a suscité de vives réactions dans le monde.

La Maison Blanche a «condamné fermement l'usage de la violence par les forces gouvernementales».

«Le président Saleh doit trouver une solution à l'impasse politique avec l'opposition pour qu'un changement politique digne puisse se produire à court terme de façon ordonnée et pacifique», a insisté mardi son porte-parole, Jay Carney.

Le New York Times avait affirmé dimanche que le gouvernement américain était en train de retirer son soutien au président Saleh et de faciliter son départ.

À Londres, le ministre des Affaires étrangères William Hague a sommé M. Saleh de «dire clairement qu'il est prêt à s'engager dès à présent dans un processus global de transition politique» et de mettre en place une «feuille de route en vue d'élections libres et équitables».

Le ministère italien des Affaires étrangères a souhaité «l'amorce au plus tôt d'un dialogue constructif avec ceux qui réclament pacifiquement le début d'une nouvelle période de réformes».

L'Union européenne a appelé pour sa part M. Saleh à entamer «sans délai» une transition politique.

Amnesty International a mis en garde contre tout accord qui garantirait l'impunité aux responsables des violences ayant provoqué la mort de dizaines de manifestants, notamment lors du «vendredi noir», le 18 mars, pendant lequel 52 protestataires ont été tués par balles.