Le président Bachar al-Assad a nommé dimanche le ministre sortant de l'Agriculture Adel Safar pour diriger le nouveau gouvernement, alors que des opposants ont appelé à plusieurs journées de protestation contre le régime en place depuis près d'un demi-siècle.

«Le président Assad a promulgué un décret chargeant Adel Safar de former le gouvernement», a annoncé l'agence officielle Sana.

Membre du parti Baas et âgé de 58 ans, M. Safar est un spécialiste des questions agricoles. Il a été doyen de la faculté d'agriculture de Damas (1997-2000) avant de devenir ministre en 2003.

Le gouvernement dirigé par Mohammad Naji Otri, en place depuis 2003, n'a pas survécu à la contestation et a présenté mardi sa démission.

Mais cette nomination n'a pas satisfait les contestataires. «La nomination du ministre de l'Agriculture comme premier ministre est insensée», affirme un texte publié dimanche sur la page «Révolution syrienne 2011» de Facebook.

Les opposants appellent à une journée de protestation mardi, à une journée de «boycottage» mercredi, et à des rassemblements jeudi devant les sièges du parti Baas à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de ce parti en 1947.

Ils ont également demandé à leurs partisans de défiler vendredi dans toute la Syrie pour montrer «le mécontentement du peuple». Il s'agit du quatrième vendredi où les Syriens sont appelés à descendre dans la rue pour afficher leur mécontentement face à l'absence de libéralisation du régime.

«La contestation est limitée dans son ampleur, mais elle s'enracine», a affirmé à l'AFP un homme d'affaires syrien qui a tenu à garder l'anonymat.

L'épicentre de la contestation reste Deraa (sud), avec des milliers de manifestants, mais dans les autres villes des centaines de personnes osent aussi braver l'état d'urgence pour défiler.

Et si le nombre des manifestants est resté limité, la contestation s'est élargie sur le plan géographique. Vendredi, des manifestations se sont ainsi déroulées pour la première fois dans le nord du pays, à majorité kurde.

Al-Watan, quotidien privé proche du pouvoir, a reconnu l'importance du mouvement: «Plusieurs milliers de personnes sont sorties dans la rue sans confrontation, à part ce qui s'est passé à Douma, où selon Sana, des membres de la sécurité et des citoyens ont été victimes des francs-tireurs».

Selon un militant des droits de l'Homme contacté par téléphone, «une foule de milliers de personnes s'est rassemblée dimanche sur la grande place de Douma (à 15 km au nord de Damas) pour participer aux funérailles de huit de leurs morts tués vendredi».

«Il y a eu un accord tacite avec les autorités pour que les forces de sécurité n'interviennent pas durant l'enterrement afin d'éviter des affrontements. La police a libéré à l'aube des dizaines de personnes interpellées, mais les habitants réclament la libération de sept qui sont toujours sous les verrous», a-t-il ajouté.

Au lendemain d'une vague d'arrestations d'opposants dans le pays, au moins 17 personnes ont été interpellées dans le gouvernorat de Deir Ezzor, à 450 km au nord-est de Damas, selon l'Observatoire syrien de défense des droits de l'homme, basé à Londres.

Au total, près de 80 protestataires ont été interpellés depuis vendredi à Damas, Homs, Douma et Deraa.

Selon un militant des droits de l'Homme à Deraa, une cinquantaine d'avocats étaient rassemblés dimanche au siège de leur syndicat pour réclamer la libération de deux de leurs collègues.

À Damas, il devenait difficile de communiquer: le réseau internet ne fonctionnait pas dimanche matin dans une grande partie de la capitale et les communications par téléphonie mobile étaient quasiment impossibles.