L'Égypte élira vers la fin de l'année un nouveau président à qui l'armée remettra ses pouvoirs, a annoncé mercredi l'institution militaire qui tient les rênes du pays depuis la chute en février du président Hosni Moubarak.

Cette élection aura lieu «un à deux mois» après les législatives prévues en septembre pour les deux chambres du Parlement, a déclaré à la presse le général Mamdouh Chahine, membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA).

Les militaires, qui gouvernent par décret, remettront le pouvoir législatif au futur Parlement élu, puis le pouvoir exécutif au chef de l'Etat qui sortira des urnes, a-t-il ajouté.

Plusieurs personnalités ont déjà fait état de leur intention de se présenter à la présidentielle, dont le chef de la Ligue arabe Amr Moussa et l'ancien haut fonctionnaire international et prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei.

L'armée égyptienne, à qui M. Moubarak a remis le pouvoir en démissionnant, a suspendu la Constitution, prononcé la dissolution du Parlement et relégué le gouvernement à la gestion des affaires courantes.

Mais elle a aussi promis de ne pas s'éterniser au pouvoir, et d'engager la démocratisation du pays en vue de s'effacer au profit d'un gouvernement civil, avec un président et des parlementaires librement élus.

La transition en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe avec plus de 80 millions d'habitants, est suivie avec une grande attention à l'étranger au moment où cette région connaît une cascade de soulèvements et de bouleversements.

De nombreux responsables internationaux se sont succédé au Caire ces dernières semaines pour souligner l'importance de la réussite de cette expérience.

L'annonce d'une présidentielle fin 2011 a été faite lors de la présentation d'une «déclaration constitutionnelle» destinée à régir le reste de la période de transition.

Cette déclaration, très attendue, reprend de nombreux éléments de la Constitution héritée de l'ère Moubarak en y ajoutant des amendements approuvés par référendum il y une dizaine de jours.

Sur les sujets de tensions entre musulmans et chrétiens, elle se borne à reprendre des dispositions déjà existantes.

Ainsi les «principes de la charia», la loi islamique, restent la «principale source» de la législation égyptienne, comme dans la Constitution en vigueur sous M. Moubarak, et l'islam demeure religion d'Etat.

Mais le texte affirme aussi que l'Égypte est un État démocratique basé sur le principe de la citoyenneté, et confirme que les partis politiques ne peuvent être formés sur une base confessionnelle.

Pays très majoritairement musulman sunnite, l'Égypte compte aussi une importante communauté chrétienne copte, qui représente 6 à 10% de la population, qui redoute que les changements politiques ne se traduisent par une montée en puissance du mouvement des Frères musulmans.

La «déclaration constitutionnelle» intègre les changements approuvés par 77% des votants lors du référendum du 19 mars, en particulier la limitation de toute présidence à huit ans (deux mandats de quatre ans au plus), et l'assouplissement des règles de candidature à la magistrature suprême.

La tenue de l'élection présidentielle vers la fin l'année allonge de quelques mois la période de transition de six mois initialement envisagée par les militaires.

Ce délai de six mois avait été jugé par de nombreux spécialistes et personnalités comme trop court pour pouvoir procéder à des réformes et à des élections libres dans un pays sortant de décennies de dictature.

Mais une éventuelle transition longue, se prolongeant en 2012, avait suscité des craintes de voir la puissante institution militaire s'incruster au pouvoir.