Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit à huis clos lundi pour décider de la suite à donner à la demande libyenne d'une réunion d'urgence, alors que la Russie critique la résolution adoptée jeudi et que l'Allemagne continue de garder ses distances.

La réunion, prévue lundi après-midi, a pour but d'apporter une réponse à la demande de la Libye d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, ont indiqué des diplomates sous couvert d'anonymat. «Les États membres vont étudier cette demande et se prononcer», a expliqué l'un d'eux.

«La Libye demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU après l'agression franco-américano-britannique contre la Libye, un État indépendant et membre des Nations unies», avait déclaré le ministère des Affaires étrangères libyen dans un communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche.

La réunion de lundi étant à huis clos, la Libye, qui n'est pas membre du Conseil, ne sera probablement pas représentée, a souligné un diplomate.

Le Conseil de sécurité avait adopté jeudi une résolution prévoyant de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils en Libye. La Russie et l'Allemagne, toutes deux membres du Conseil, s'étaient abstenues lors du vote.

Depuis samedi, les bombardements de la coalition internationale contre le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi se succèdent. Ils ont touché le coeur de Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, et tentaient lundi de couper les lignes de ravitaillement de ses forces.

Après le succès annoncé d'une première vague de frappes samedi et dimanche contre les défenses antiaériennes et des blindés près des lignes des insurgés, la prochaine étape consiste à attaquer ces lignes de ravitaillement pour limiter la capacité d'action des forces gouvernementales.

Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a vivement critiqué lundi la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force, qui ressemble selon lui à un «appel aux croisades» et témoigne d'une tendance forte des États-Unis à recourir à la force contre des pays tiers.

«Il est clair qu'elle (la résolution) autorise tout à tout le monde, n'importe quelle action à l'encontre d'un État souverain. Cela me fait penser à l'appel aux croisades à l'époque du Moyen-Age quand on appelait les gens à partir quelque part pour libérer cet endroit», a-t-il déclaré, cité par les agences russes.

L'Allemagne s'est dite quant à elle confortée, après les premiers bombardements en Libye, dans ses fortes réserves à l'égard de l'opération militaire, selon son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, citant les critiques de la Ligue arabe.

«Nous avons dit très clairement depuis le début que nous ne participerions pas» à cette action de la coalition internationale, a-t-il déclaré à Bruxelles.

«Cela signifie que nous estimons qu'il y a des risques» avec l'opération en cours, «et lorsque nous entendons ce que la Ligue arabe a dit hier (dimanche), malheureusement, nous constatons que nous avions des raisons d'être préoccupés».

Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, avait déclaré dimanche que «ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne». Il est revenu sur ces propos lundi, expliquant qu'ils avaient été mal interprétés.