Le gouvernement britannique a été contraint de s'expliquer lundi sur un nouveau couac dans sa gestion de la crise libyenne, après le retentissant fiasco d'une mission «diplomatique» secrète, encadrée par des militaires, auprès de l'opposition libyenne.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a admis dans l'après-midi, pour la première fois, que l'équipe en question avait été «détenue temporairement».

Il y a eu «un grave malentendu sur son rôle», a-t-il affirmé devant la Chambre des Communes, où les rangs de l'opposition travailliste pouffaient de rire. Le ministre a aussi reconnu avoir «autorisé» cette opération, ressentie comme une «humiliation» par la presse britannique.

La Grande-Bretagne avait envoyé la semaine dernière «une petite équipe diplomatique», selon les termes officiels, à Benghazi, ville de l'est de la Libye et fief de l'insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi.

Objectif: entrer en contact avec l'opposition libyenne, que Londres soutient ouvertement depuis le début de l'insurrection mi-février, alors que la Grande-Bretagne s'était spectaculairement rapprochée du colonel Kadhafi ces dernières années.

L'«équipe diplomatique» était en fait composée de membres des forces spéciales et, selon les journaux, d'un agent des services secrets ou d'un ou deux diplomates.

Elle est arrivée en hélicoptère de nuit près de Benghazi, et a été rapidement arrêtée, parce qu'elle était venue sans accord préalable, a expliqué l'opposition libyenne.

Camouflet suprême pour Londres, les huit Britanniques ont été arrêtés par de simples agriculteurs, qui avaient repéré leur hélicoptère, selon la presse britannique.

«Nous avons tiré en l'air et on leur a dit +les mains en l'air, ne bougez pas+», a raconté l'un des employés de ferme, Rafah, interrogé par le Daily Mail.

Après avoir découvert des pistolets, des explosifs, des téléphones satellitaires et de multiples passeports dans les sacs de leurs «prisonniers», les fermiers ont décidé de contacter l'opposition, qui s'est immédiatement alarmée.

Les Britanniques ont en effet atterri de nuit, alors que les combats faisaient rage entre forces loyales au colonel Kadhafi et insurgés et que les rumeurs de débarquement de mercenaires allaient bon train.

Il a fallu d'intenses tractations entre Londres et l'opposition pour obtenir finalement la libération des «James Bond façon bouffons», comme les a surnommés le Daily Mail.

Avant leur départ dimanche de Libye, les envoyés britanniques se sont vu confisquer leur hélicoptère et leurs armes, selon le Times.

Le gouvernement libyen s'est emparé de l'affaire pour moquer Londres. La télévision d'Etat a diffusé, selon le Times, une conversation téléphonique entre un diplomate britannique et un responsable de l'opposition libyenne, dans laquelle le premier cherche à obtenir la libération de ses compatriotes.

Cet échec est le dernier des faux pas commis par Londres depuis le début de la crise libyenne, comme se sont plus à le souligner les travaillistes qui ont dénoncé lundi le «sérieux cafouillage» du gouvernement.

Le 21 février, M. Hague annonce que Mouammar Kadhafi pourrait être en route vers le Venezuela. Une information rapidement démentie.

Londres se fait ensuite remarquer en tardant à rapatrier ses ressortissants bloqués en Libye.

Troisième épisode, la semaine dernière. Le Premier ministre conservateur David Cameron est obligé de tempérer son enthousiasme sur les options militaires pour résoudre la crise libyenne.

«Nous avons l'intention d'envoyer d'autres diplomates dans l'est de la Libye, le moment venu», n'en a pas moins affirmé M. Hague lundi.