L'opposition yéménite s'est déclarée dimanche déterminée à évincer le président Ali Abdallah Saleh, et le régime, qui refuse de céder, a accusé Al-Qaïda de trois attaques ayant coûté la vie à six militaires.

La veille, le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, avait rejeté une proposition de l'opposition prévoyant qu'il quitte ses fonctions avant la fin de l'année, alors que son mandat expire en 2013.

Dimanche, un porte-parole de l'opposition, Mohammad al-Sabri, a estimé que le refus du président, dont les appuis politiques se réduisent, signifiait pour lui qu'il n'y avait plus qu'une issue, «le départ».

Une foule nombreuse a poursuivi dimanche un sit-in devant l'université de Sanaa, entamé depuis le 20 février pour obtenir la chute du régime.

A Ibb, 200 km plus au sud, des manifestants ont été attaqués par des partisans du régime, et 61 d'entre eux ont été blessés, essentiellement à coups de couteaux, de pierres et de matraques, a annoncé un militant de l'opposition.

Des centaines de personnes favorables au Congrès populaire général (CPG), le parti au pouvoir, ont attaqué les manifestants sans que les forces de sécurité n'interviennent, a précisé Abdoulkarim Mohammed Ali, un organisateur local de la contestation.

La détérioration de la situation dans le pays a incité le Département d'état américain, qui suit avec inquiétude la situation au Yémen -un pays pauvre de la péninsule arabique où Al-Qaïda est active- à conseiller à ses ressortissants à quitter le pays.

Une note de conseil aux voyageurs autorise aussi le personnel non essentiel de l'ambassade américaine à partir.

Samedi, Londres a déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Yémen, en proie à «des violences croissantes», et appelé les Britanniques présents dans ce pays à partir si leur présence n'est pas indispensable.

Trois incidents séparés attribués à la mouvance d'Oussama ben Laden ont fait six morts dans trois régions du pays.

Dans la province de Maareb (170 km à l'est de Sanaa), un des fiefs d'Al-Qaïda, quatre membres de la garde républicaine (unité d'élite) ont été tués par des inconnus qui ont ouvert le feu sur leur camion, a indiqué un responsable local, selon qui «cette attaque ressemble à celles menées par le passé par Al-Qaïda».

Dans le sud du pays, un colonel des services de renseignement, Abdel Hamid al-Charaabi, «a été tué par deux membres d'Al-Qaïda» qui circulaient à moto à Zinjibar, chef-lieu de la province d'Abyane, selon un responsable local.

Dans la province sudiste du Hadramout, un deuxième colonel, Chayef al-Chouaïbi, a été abattu par des membres présumés d'al-Qaïda, circulant eux aussi sur une motocyclette, ont indiqué des témoins.

Dans le même temps, l'opposition a appelé «tout le peuple à intensifier les sit-in et les manifestations dans toutes les régions, afin (que le chef de l'État) n'ait plus qu'une seule option, le départ», selon le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohammad al-Sabri.

Le président yéménite, au pouvoir depuis 32 ans, avait rejeté samedi une proposition de l'opposition, à travers une médiation de dignitaires religieux pour son départ avant la fin de l'année.

La position du président «signifie sa mort politique, et la rue est à présent notre unique recours», selon le porte-parole qui a annoncé la «fin du dialogue indirect à travers les dignitaires religieux».

Le régime yéménite est contesté depuis fin janvier avec des manifestations à Sanaa, Taëz, Aden et dans le reste du pays. Selon Amnesty International, au moins 27 personnes ont été tuées lors de ces manifestations.