Les violences liées à la répression de l'insurrection en Libye ont fait 6000 morts, dont 3000 dans la seule ville de Tripoli, a affirmé mercredi à Paris le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme, Ali Zeidan.



«Le nombre de victimes pour tout le pays est de 6000, dont 3000 à Tripoli, 2000 à Benghazi et 1000 dans d'autres villes», comme Zawiyah ou Zenten, a déclaré le porte-parole au cours d'une conférence de presse organisée au siège de la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH) à Paris.

Ali Zeidan a indiqué que ce bilan, beaucoup plus élevé que ceux qui circulaient jusqu'ici, pourrait être plus important encore. «C'est ce dont nous disposons, mais cela pourrait être plus», a-t-il souligné.

«Les corps des victimes des bombardements à Tripoli ont été évacués dans des camions et enterrés dans des fosses communes en dehors de la capitale. Les blessés disparaissent des hôpitaux, le pouvoir veut effacer les traces de ses crimes», a-t-il dénoncé.

À Benghazi, point de départ du soulèvement, le Dr Jibril Howaïdi, chargé de compiler les bilans hospitaliers, a déclaré mardi soir à la presse que le bilan pour cette ville s'établissait entre 220 et 250 tués, une trentaine de corps n'étant pas identifiés et 1932 blessés.

Ce chiffre est très proche de celui donné dimanche par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui parlait de 256 tués et 2000 blessés à Benghazi.

Le dernier bilan de la FIDH était de 640 morts et remontait au 23 février. Le gouvernement libyen avait fait état de 300 morts au total. Mais, dans les milieux diplomatiques, des bilans compris entre 1.000 et 2000 morts avaient été évoqués.

Le responsable de la LDH libyenne a également accusé le Tchad d'avoir un rôle prépondérant dans l'action que mèneraient des mercenaires étrangers pour le dirigeant Mouammar Kadhafi.

«Il y a près de 25 000 mercenaires en Libye, mais tous n'ont pas encore été déployés. Ils sont dirigés par deux généraux tchadiens aux ordres de l'ambassadeur du Tchad en Libye, Daoussa Deby, le propre frère du président tchadien Idriss Deby», a assuré Ali Zeidan.

Il a estimé à 3000 le nombre de mercenaires à Tripoli et encore 3000 autour de la capitale, originaires du Tchad, du Niger, du Mali, du Zimbabwe ou du Liberia.

Pour le porte-parole, les officiers des mercenaires sont payés 2000 dollars par jour et les soldats 300 dollars, avec l'argent issu de la rente pétrolière libyenne.

Ali Zeidan a aussi demandé l'envoi en Libye d'une importante aide humanitaire, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM, une agence de l'ONU), face à la menace d'un «désastre», a annoncé mercredi un plan d'aide alimentaire d'urgence de 38,7 millions de dollars (28 millions d'euros) visant 2,7 millions de personnes en Libye, en Égypte et en Tunisie.

«L'établissement d'une zone d'interdiction aérienne doit intervenir dans les meilleurs délais. Nous ne voulons pas voir de soldats étrangers sur le sol libyen, mais si Kadhafi continue sa répression et si la population ne peut pas se défendre et se fait massacrer, la communauté internationale ne devra pas rester passive», a poursuivi le porte-parole.

Pour sa part, le président d'honneur de la FIDH, Patrick Baudouin, a évoqué «le devoir de protection des populations civiles en danger» et demandé au nom de la Fédération une interdiction de survol du territoire libyen, «pour éviter que des civils soient massacrés par l'aviation libyenne et pour empêcher de faire venir des mercenaires supplémentaires chargés d'accomplir les basses besognes du colonel Kadhafi».

Des dirigeants de l'opposition libyenne ont demandé mercredi à la communauté internationale, des frappes aériennes en Libye visant les «mercenaires».