Les membres de l'ONU ont suspendu la Libye du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, mardi.

L'Assemblée générale de l'ONU a accepté la recommandation du Conseil de suspendre la Libye en raison «d'atteintes brutales et systématiques aux droits de la personne». L'assemblée a aussi exprimé une «inquiétude profonde» concernant la situation des droits de la personne en Libye.

Par ailleurs, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a estimé mardi que l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen serait «superflue».

M. Lavrov est d'avis que la communauté internationale doit plutôt appliquer à fond les sanctions approuvées par le Conseil de sécurité des Nations unies le week-end dernier.

Des représentants des États-Unis, de l'Europe et de l'Australie ont lancé l'idée d'une zone d'exclusion aérienne -une tactique militaire utilisée avec succès pendant des années dans le nord de l'Irak- pour empêcher Kadhafi de bombarder son peuple. L'accord de la Russie est toutefois obligatoire, en raison du droit de veto qu'elle détient au Conseil de sécurité.

Des médias russes ont cité mardi un membre du Kremlin selon qui Kadhafi n'a plus d'autre choix que de quitter le pouvoir, puisqu'il ne serait plus qu'un «cadavre politique». L'ambassadeur russe à l'OTAN, Dimitri Rogozin, a par contre mis en garde contre une opération militaire contre la Libye, sans accord préalable de l'ONU.

«Si quelqu'un à Washington recherche un blitzkrieg en Libye, cela constituerait une erreur grave car tout usage de la force militaire à l'extérieur de la zone de responsabilité de l'OTAN représenterait une infraction à la loi internationale, a-t-il dit. (Une zone d'exclusion aérienne) nécessiterait de toute manière une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.»

Malgré tout, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé mardi que des mesures allant au-delà des sanctions adoptées par le Conseil de sécurité pourraient être requises, puisqu'on retrouve maintenant en Libye «un régime qui a perdu toute légitimité en déclarant la guerre à son propre peuple».

«Il nous revient à nous, la communauté des nations, de répondre à ce crime», a-t-il déclaré à New York.

L'Italie s'est prononcée en faveur de la création d'une zone d'exclusion aérienne, une prise de position importante puisque ses bases militaires seraient probablement requises à cette fin. Les autorités autrichiennes et allemandes ont quant à elles entrepris de geler certains des avoirs du régime Kadhafi sur leur territoire.

Par ailleurs, l'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Susan Rice, a incité le colonel Kadhafi à envisager sérieusement un départ en exil, disant craindre de voir le pays d'Afrique du Nord sombrer dans une «catastrophe humanitaire».

Mme Rice a évoqué un départ en exil lors d'une entrevue à la télévision américaine mardi. Elle a toutefois précisé que cela ne mettrait pas le dirigeant libyen à l'abri des «crimes que lui et ses proches ont commis».

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a abondé dans le même sens, déclarant que la fuite de Kadhafi serait une «solution rapide» au problème.

Pour sa part, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a prévenu mardi que la Libye pourrait s'enfoncer dans une «guerre civile prolongée» entre les forces fidèles au colonel Mouammar Kadhafi et celles de l'opposition.

«Dans les années à venir, la Libye pourrait devenir une démocratie pacifique ou (...) faire face à une guerre civile prolongée, a-t-elle déclaré devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants. Les enjeux sont importants.»

La chef de la diplomatie américaine a estimé que les États-Unis devaient mener la réponse internationale à la crise, en étendant notamment les sanctions visant Kadhafi et son entourage, et en imposant éventuellement une zone d'exclusion aérienne. «Les États-Unis continuent d'examiner chaque levier qu'ils peuvent utiliser contre le régime Kadhafi», a-t-elle expliqué.

Le Comité international de la Croix-Rouge a de son côté indiqué détenir des informations «crédibles» selon lesquelles des patients auraient été exécutés dans les hôpitaux libyens.

Enfin, les dirigeants de Malte ont expliqué mardi qu'ils ont refusé à un appareil libyen la permission d'atterrir, mercredi dernier, parce qu'il avait à son bord deux pilotes venus récupérer les avions de chasse qui se sont posés sur l'île le 21 février, quand deux pilotes ont fait défection plutôt que d'obéir aux ordres de bombarder des civils.