Décidé à faire plier le colonel Mouammar Kadhafi et à mettre fin à sa «cruauté contre son peuple», le président des États-Unis, Barack Obama, a décidé vendredi le gel de ses avoirs aux États-Unis et ceux de sa famille, a annoncé la Maison-Blanche.

Obama a signé un décret présidentiel gelant les avoirs et bloquant tous les biens aux États-Unis du colonel Kadhafi et de ses quatre fils, a-t-elle précisé.

Le président a estimé dans un communiqué que «le gouvernement de Mouammar Kadhafi a baffoué les normes internationales et la morale élementaire et doit en être tenu pour responsable».

«La violation continue des droits de l'homme, la cruauté contre son peuple et les menaces atroces du gouvernement libyen ont mérité à juste titre la condamnation forte et large de la communauté internationale», souline Obama.

«Nous nous tiendrons fermement aux côtés du peuple libyen dans sa demande  d'accès aux droits universels et d'un gouvernement qui réponde à ses aspirations» a-t-il ajouté, alors que le colonel Kadhafi a appelé ses partisans à prendre les armes contre les manifestants.

Les États-Unis ont par ailleurs décidé de travailler sur des «sanctions coordonnées» avec ses «alliés européens» et sur des «mesures multilatérales» via les Nations unies, a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Un projet de résolution, rédigé par les Occidentaux, a été discuté vendredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU qui menace Kadhafi de le poursuivre pour crimes contre l'humanité et évoque diverses sanctions: embargo sur les armes, interdiction faite au dirigeant libyen de voyager et gel de ses avoirs.

L'Union européenne a d'ores et déjà décidé de décréter un embargo sur les armes.

Le porte-parole de la Maison-Blanche a ajouté que Washington faisait en sorte de couper toute aide militaire dont pourrait bénéficier la Libye et d'alerter les institutions financières pour qu'elles surveillent d'éventuels mouvements de fonds provenant de ce pays.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a par ailleurs indiqué que les États-Unis soutenaient «fermement» la création d'une commission d'enquête indépendante réclamée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur les exactions commises par le régime de Kadhafi et la suspension de la Libye de ses rangs.

Obama rencontrera lundi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour faire le point sur les sanctions mais aussi sur la manière de répondre «à la crise humanitaire engendrée par la crise», a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche.

Les États-Unis mobilisent par ailleurs leurs services de renseignement pour enquêter sur les exactions commises en Libye, alors que les violences ont déjà fait plusieurs centaines de morts.

«Les États-Unis sont décidés à utiliser tous leurs moyens pour surveiller le régime de Kadhafi», a assuré Jay Carney.

Washington a suspendu le fonctionnement de son ambassade à Tripoli en raison de l'insécurité tout en maintenant le contact avec les Libyens, «à la fois directement et par l'intermédiaire de tiers».

Un ferry affrété par les États-Unis et transportant plus de 300 personnes fuyant les violences en Libye est arrivé vendredi soir à La Valette, capitale de l'île de Malte, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon le porte-parole du département d'État Philip Crowley, plus de la moitié des passagers seraient Américains, parmi lesquels 35 diplomates et leurs familles.

Les États-Unis ont aussi affrété un avion qui a quitté la Libye à 13h49 à destination d'Istanbul, a indiqué M. Crowley. A son bord, des Américains mais aussi des personnes d'autres nationalités, a-t-il souligné sans plus de détails.

Quelque 6000 Américains sont enregistrés à l'ambassade des États-Unis à Tripoli --la plupart ayant la double nationalité américaine et libyenne.