L'Amérique latine a affiché ses divisions mardi par rapport aux manifestations en Libye, le Nicaragua et Cuba prenant leurs distances avec la vague de condamnations du régime de Mouammar Kadhafi, tandis que le Pérou était le premier pays à suspendre ses relations avec Tripoli.

Le pays andin suspend «toute relation diplomatique avec la Libye tant que ne cessera pas la violence contre le peuple» libyen, annonce le chef de l'État Alan Garcia dans un communiqué.

Plusieurs gouvernements latino-américains avaient auparavant critiqué le régime libyen, à l'image du gouvernement brésilien qui a dénoncé lundi l'usage «inacceptable» de la violence contre les manifestants et lancé un appel au dialogue.

Le Chili, le Costa Rica, l'Argentine et le Paraguay ont exprimé des positions similaires.

Mais alors que les gouvernements de la région avaient soit salué le départ de Hosni Moubarak en Egypte au début du mois soit observé le silence, cette fois-ci, certains dirigeants de gauche radicale ont soutenu Kadhafi, considéré comme un allié anti-impérialiste, ou mis en cause le rôle de Washington dans les événements en Libye.

Kadhafi «est en train de livrer une grande bataille (...) il cherche à dialoguer, mais en défendant l'intégrité de la nation, pour qu'elle ne se désintègre pas, qu'il n'y ait pas d'anarchie», a déclaré lundi le président du Nicaragua, Daniel Ortega, une semaine après l'annulation de près de 200 millions de dollars de dette de son pays à l'égard de la Libye.

«Il est absolument évident que les États-Unis ne se soucient pas du tout de la paix en Libye et n'hésiteront pas à donner l'ordre à l'Otan d'envahir ce riche pays. C'est peut-être une question d'heures ou de jours», assure pour sa part l'ancien président cubain Fidel Castro dans une de ses «réflexions» régulièrement publiées par les presse cubaine.

Selon le père de la Révolution cubaine, «il faudra attendre» de savoir ce qui relève «de la vérité ou du mensonge» dans les informations faisant état d'une violente répression des mouvements de protestation, qui a fait des centaines de morts, selon diverses organisations humanitaires.

Le président Hugo Chavez, principal allié de Kadhafi dans la région, est jusqu'ici resté silencieux, mais son ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro, qui entretient des liens étroits avec son homologue libyen Moussa Koussa, est monté au créneau lundi pour démentir la rumeur d'un départ du dirigeant libyen vers Caracas.