Des milliers de travailleurs égyptiens fuient ou tentent de fuir la Libye, secouée par des violences meurtrières depuis le début il y a une semaine d'une insurrection contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Près d'un million d'Egyptiens vivent et travaillent en Libye, selon le ministère des Affaires étrangères au Caire.

«Quelque 10.000 Egyptiens sont actuellement en attente d'être évacués au poste frontière de Saloum,» 750 km à l'ouest d'Alexandrie, a indiqué mardi matin à l'AFP une source au sein des services de sécurité.

La veille, 5.000 Egyptiens avaient quitté la Libye, en majorité par la route mais également par avion, selon cette source.

Pour faire face à l'afflux d'Egyptiens surpris par la vague de violences, l'armée égyptienne a «renforcé sa présence à la frontière avec la Libye afin d'assurer la sécurité des ressortissants revenant au pays», selon la source sécuritaire.

Un hôpital de campagne a par ailleurs été installé à Saloum pour accueillir d'éventuels blessés ou malades, a-t-elle précisé.

Deux avions militaires égyptiens ont décollé mardi pour Tripoli afin de rapatrier les ressortissants le souhaitant.

Le ministre des Affaires étrangères Ahmad Aboul Gheit a indiqué que la Libye avait autorisé l'atterrissage de ces appareils, ainsi que deux avions civils de la compagnie EgyptAir et deux autres appareils vols militaires.

Soulignant que le bombardement des pistes à l'aéroport de Benghazi a rendu impossible l'atterrissage des avions d'EgyptAir, il a conseillé aux Egyptiens de «rester chez eux pour éviter les dangers de 500 km de routes avant d'arriver à la frontière».

De nombreux étrangers et expatriés ont d'ores et déjà quitté le pays ou se préparent à le faire y compris sur des vols militaires mis à leur disposition par leur pays d'origine.

Le ministre a averti les autorités libyennes de leur «devoir d'assurer la sécurité des ressortissants et des biens égyptiens se trouvant en Libye».

Et il s'en est pris avec virulence aux propos la veille de Seif Al-Islam, fils du colonel Kadhafi, mettant en cause, selon le ministre, la «participation d'élèments égyptiens dans les manifestations populaires en cours dans plusieurs villes libyennes».

Seif Al-Islam a clamé que son pays était la cible d'un complot étranger, soulignant que des éléments libyens et étrangers (Tunisiens, Egyptiens, etc.) tentaient de détruire l'unité du pays pour instaurer une république islamiste.

Ces propos «mettent en danger la vie des Egyptiens vivant en Libye», a estimé le ministre.

L'Egypte a confirmé lundi la mort de deux de ses ressortissants, tués par des tirs de mitraillettes alors qu'un médecin égyptien à la frontière avait fait état de dix Egyptiens tués dans la ville côtière de Tobrouk, en citant des témoins.

Très inquiet des répercussions de la situation, le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a pour sa part convoqué une réunion urgente des représentants de cette instance, mardi après-midi au Caire.

La crise libyenne survient alors que l'Egypte connaît une situation politique et économique délicate, après la démission le 11 février dernier du président Hosni Moubarak à la suite d'une vague de manifestations. Le pouvoir est assumé par l'armée, le gouvernement étant chargé des affaires courantes.