La haut commissaires des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a averti mardi les autorités libyennes que les attaques systématiques contre la population civile pouvaient être assimilées à des «crimes contre l'humanité».

«Les attaques systématiques et généralisées contre la population civile peuvent constituer des crimes contre l'humanité», a déclaré Mme Pillay dans un communiqué.

«Les autorités doivent cesser immédiatement de tels actes illégaux de violence contre les manifestants» a-t-elle ajouté, évoquant l'usage qui aurait été fait de mitrailleuses, tireurs embusqués et avions militaires.

Un de ses représentants, Frej Fenniche, a précisé lors d'un point de presse qu'«il est maintenant confirmé par les médias et différentes sources, y compris le départ de deux pilotes avec leur appareil jusqu'à Malte, qu'il y a eu des bombardements, des utilisations d'avions pour tirer sur les foules».

«La haut commissaire considère que ce genre d'attaques systématiques contre des populations civiles peut être considéré comme crimes contre l'humanité», a-t-il indiqué.

Mais «il ne revient pas à la commissaire de dire si ce sont des crimes contre l'humanité. Il revient à des tribunaux nationaux, régionaux ou internationaux de définir cela et d'appliquer les lois qui conviennent», a spécifié son représentant.

Ainsi, Mme Pillay a exigé l'ouverture d'une «enquête internationale indépendante» sur les violences en Libye, demandant l'«arrêt immédiat des graves violations des droits de l'Homme commises par les autorités libyennes».

«La brutalité avec laquelle les autorités libyennes (...) tireraient à balles réelles sur des manifestants pacifiques est inadmissible», a-t-elle poursuivi.

Elle s'est dit «extrêmement inquiète que des vies soient perdues en ce moment même».

Alors que le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir à New York une session spéciale sur la Libye, Mme Pillay indique que «la communauté internationale doit être unie dans la condamnation de tels actes et doit prendre des engagements sans équivoque pour s'assurer que justice sera faite pour les milliers de victimes de cette répression».

«L'État a l'obligation de protéger les droits à la vie, la liberté et la sécurité» a-t-elle ajouté.

Selon le Haut commissariat, les violences en Libye ont fait 250 morts et des centaines de blessés depuis le 14 février. Mais ce chiffre est sûrement supérieur, a averti M. Fenniche.

Selon la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), la répression des manifestations pacifiques par les forces de sécurité libyennes aurait fait entre 300 et 400 morts et des milliers de blessés depuis le 15 février.

«Nous sommes au courant qu'un nombre de défenseurs des droits de l'homme et des journalistes ont été arrêtés. Personne ne sait où ils sont, nous ne savons pas s'ils sont en vie ou pas», a déploré M. Fenniche.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU qui se réunit dès lundi pour sa session annuelle à Genève avait prévu -- avant les récents évènements -- d'étudier la situation des droits de l'homme en Libye.

Alors que de nombreuses ONG ont demandé la tenue d'un session spéciale sur la Libye, le représentant de Mme Pillay a expliqué qu'il revenait aux Etats membres de la demander.

D'autres ONG ont également appelé à l'exclusion de la Libye du Conseil. «Il est clair que l'Assemblée générale (à New York, ndlr) peut envisager de suspendre un membre du Conseil», a expliqué M. Fenniche.

«Il revient à tous ces Etats d'agir et d'agir vite», a-t-il conclu.