Qu'ils soient expatriés ou Libyens, les voyageurs arrivés lundi en début d'après-midi à Paris sur un vol régulier en provenance de Tripoli témoignent d'une ambiance de «méfiance» et d'un «climat de peur» dans la capitale libyenne où des «gens sont tués».

«Kadhafi paie des gens pour tuer les Libyens», explique en anglais un ancien «colonel de l'armée» qui souhaite garder l'anonymat, comme la plupart des voyageurs.

L'arrivant, un simple cartable à la main, explique qu'il est venu en France pour deux semaines. Ancien responsable de la sécurité, il refuse d'être filmé et décrit une «situation très mauvaise depuis la nuit dernière» avec des mercenaires «venus d'ailleurs» à la solde de Kadhafi et «qui tuent les gens».

«Ils prennent des gens au hasard, ils leur donnent des dollars, une voiture banalisée, une arme et il leur disent «va mater les gens» », assure Hayat, étudiante de 24 ans.

La jeune femme se dit «complètement parano» à cause de cette situation. Elle a «laissé la famille au pays» et ne veut pas être vue en compagnie de journalistes.

«Il faut aller là-bas, il faut que l'on sache», explique-t-elle avant de parler elle aussi des «mercenaires qui sont là pour créer la panique». «Il y aura beaucoup plus de morts que ce que vous avez entendu» assure-t-elle.

Quelques expatriés français rentrent aussi avec leur famille.

«À Tripoli, il y a une grande confusion et une violence certaine», explique l'un d'eux. «La situation s'est détériorée depuis 18h00 hier (dimanche, NDLR). On a vu des hommes armés de machettes et de barres de fer. ll y a eu des tirs toute la nuit», selon le jeune homme qui décrit une «ville déserte dès 22H avec des postes de police et des poubelles en feu».

«Personne ne sait ce qu'il se passe. Le téléphone est coupé, internet aussi parfois. On voit des gens qui courent et qui refluent dans l'autre sens», raconte un collègue.

Le bilan des manifestations a atteint 233 morts, a indiqué lundi matin Human Rights Watch, faisant état de 60 morts pour la seule journée de dimanche à Benghazi, deuxième ville du pays et centre de la révolte depuis le 15 février.