Le président soudanais Omar el-Béchir ne briguera pas un autre mandat lors de la prochaine élection présidentielle, a annoncé lundi un responsable du Parti national du Congrès (NCP, au pouvoir).

«Je peux confirmer à 100% que Béchir ne briguera pas un nouveau mandat à la prochaine élection présidentielle. Il va effectivement laisser à différentes personnalités la possibilité de briguer le poste», a déclaré Rabie Abdoul Ati à l'AFP.

«Mais il n'est pas sous pression (...). Ce n'est pas lié aux changements qui se produisent dans le monde arabe. Cela arrive en raison de la stratégie politique du NCP d'élargir la participation», a-t-il ajouté.

Omar el-Béchir, arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat militaire en 1989, a été élu pour un nouveau mandat de cinq ans en avril 2010, malgré son inculpation par le Tribunal pénal international pour crimes de guerre et génocide au Darfour, région de l'ouest du pays en proie à la guerre civile.

Il s'agissait des premières élections pluripartites depuis 1986, mais elles ont été perturbées par un boycott de l'opposition et des accusations de fraude.

Le monde arabe est actuellement secoué par un mouvement de révolte populaire qui a provoqué la chute des présidents tunisien et égyptien et touche désormais la Libye.

Selon un haut responsable de l'opposition soudanaise, l'annonce du NCP est liée à cette révolte.

«Je pense que cela a beaucoup à voir avec avec le tsunami du pouvoir du peuple contre la dictature dans la région», a déclaré à l'AFP Moubarak al-Fadl, un responsable du parti Umma.

«Béchir sent que le terrain sous ses pieds est très fragile et il est évident que les islamistes sont contrariés (...). Ils voient maintenant que le régime est chancelant et que la situation économique est très mauvaise», a-t-il ajouté.

Le Soudan a connu des manifestations sporadiques depuis janvier à Khartoum et dans d'autres villes du Nord. Les protestataires, souvent mobilisés par des étudiants à travers les réseaux sociaux sur internet, dénonçaient le régime et l'absence de libertés civiques, mais aussi la hausse vertigineuse des prix.

Le gouvernement de Khartoum fait aussi l'objet de critiques pour n'avoir pas pu empêcher la victoire écrasante de la sécession lors du référendum en janvier sur l'avenir du Sud-Soudan.

Les manifestations sont restées contenues par les services de sécurité, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et arrêté plus d'une centaine de personnes. De hauts responsables soudanais ont assuré qu'ils ne redoutaient pas un mouvement comparable à celui qui a secoué le voisin égyptien, faisant valoir que les manifestations étaient illégales et isolées.