L'armée bahreïnie a tiré vendredi sur un millier de personnes qui voulaient reprendre un sit-in à Manama, faisant de nombreux blessés, tandis que le prince héritier promettait un dialogue avec les opposants, une fois le calme revenu dans le petit royaume du Golfe.

Des dizaines de personnes ont été blessées lorsque des soldats ont ouvert le feu sur des manifestants, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les manifestants tentaient de se rendre sur la place de la Perle, où les forces de sécurité avaient dispersé par la force jeudi à l'aube un sit-in de manifestants contre le régime, selon des sources concordantes.

«Vingt-six blessés, dont certains grièvement touchés, ont été admis à l'hôpital Salmaniya», a déclaré à l'AFP un élu de l'opposition chiite, Ali al-Assouad, ajoutant qu'un des blessés était «dans un état de mort clinique».

«L'armée a tiré à balles réelles contre plus de mille personnes qui voulaient se rendre sur la place de la Perle» a-t-il affirmé.

Le photographe de l'AFP, qui s'est rendu à l'hôpital, a vu des dizaines de blessés, victimes de cette première manifestation depuis la dispersion du sit-in jeudi qui a fait quatre morts, selon l'opposition et les familles des victimes.

Les tirs sont survenus alors que le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, s'exprimait sur la télévision d'Etat pour promettre un dialogue avec l'opposition une fois le calme revenu.«Je ne fais aucune différence entre un Bahreïni et un autre et ce qui se passe actuellement est inacceptable», a déclaré le prince Salman.«Bahreïn n'a jamais été un État policier», a-t-il ajouté, soulignant: «Je ne mens pas. Tous ces gens sont mes concitoyens et la phase que nous traversons est délicate et requiert qu'on soit tous responsables», a-t-il dit.«Il faut que notre dialogue se passe dans un calme global», a-t-il affirmé, assurant qu'«aucun sujet ne peut être exclu de ce dialogue».

«Bahreïn connaît aujourd'hui un état de division et c'est inacceptable», a encore martelé le prince, notant que de «nombreux pays ont connu un tel état mais que leurs sages ont fini par dialoguer de tout dans le calme».

Bahreïn, un petit royaume peuplé majoritairement de chiites est gouverné depuis le 18ème siècle par une dynastie sunnite.

Alors que les chiites enterraient vendredi quatre des leurs tués lors de la répression d'un sit-in réclamant des réformes démocratiques, réprimé par la force jeudi avant l'aube, des milliers de sunnites ont défilé dans Manama pour exprimer leur soutien au roi Hamad Ben Salman Al-Khalifa.

L'opposition a réclamé la démission du gouvernement après la dispersion par la force d'un rassemblement pacifique, a déclaré jeudi à l'AFP le chef du mouvement chiite Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane.

Le Premier ministre, cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa, oncle du roi, est à ce poste depuis l'indépendance de Bahreïn, en 1971.

Selon le leader chiite, l'opposition veut qu'un «nouveau gouvernement propose des réformes politiques, qu'on puisse réviser la Constitution qui consacre le principe d'une alternance pacifique au pouvoir et mette en place une monarchie constitutionnelle».Cheikh Salmane a par ailleurs confirmé le retrait du bloc de son groupe du Parlement où il contrôle 18 des 40 sièges de l'Assemblée.

«Al-Wefaq a décidé de se retirer complètement et définitivement du Parlement».

En raison des tensions persistantes, les groupes de l'opposition ont décidé vendredi de reporter à mardi une marche prévue initialement samedi.

À l'initiative de sept groupes de l'opposition, cette marche devait converger vers la place de la Perle.Bahreïn est d'une importance stratégique pour Washington, qui y a installé le quartier général de sa Ve flotte, chargée de surveiller les routes maritimes empruntées par les pétroliers, de soutenir les opérations en Afghanistan et de contrer une éventuelle menace iranienne.