Plusieurs responsables européens ont laissé lundi la porte ouverte à un gel des avoirs de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak, tout en préférant attendre avant d'agir que Le Caire en fasse la demande, contrairement à la Suisse qui en a pris l'initiative dès vendredi.

Extrêmement prudente, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Maja Kocijancik, a indiqué que l'UE était prête «si nécessaire» à prendre «des mesures appropriées» à l'encontre de M. Moubarak.

«Nous sommes en contact avec les autorités égyptiennes. Quand ce sujet sera abordé, nous y répondrons», a-t-elle souligné.

Elle a rappelé que la décision prise récemment par l'UE de geler les avoirs de l'ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et de sa famille avait été prise «dans le cadre d'une consultation des autorités tunisiennes».

La ministre française de l'Économie Christine Lagarde a elle aussi assuré que Paris se tenait «évidemment à la disposition de la justice égyptienne» pour examiner la situation des avoirs que détiendrait en France le président égyptien déchu Hosni Moubarak.

Quant aux Britanniques, ils sont d'avis que les éventuels avoirs à l'étranger de Hosni Moubarak devaient faire l'objet d'une «action internationale concertée», comme l'a indiqué dimanche le ministre britannique du Commerce Vince Cable.

«Et une demande doit être faite» par les autorités égyptiennes, a complété lundi un porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron.

L'Office britannique des fraudes (SFO) a reconnu qu'il était «au courant» des informations circulant dans la presse à propos de la présence d'avoirs de M. Moubarak en Grande-Bretagne. Il a précisé qu'il n'avait pas encore reçu de requête particulière à ce sujet.

«Nous serons prêts à agir à toute éventuelle demande d'aide pour tracer les avoirs», a précisé un porte-parole du SFO à l'AFP.

En revanche, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, n'a pas posé comme condition préalable une demande égyptienne.

Interrogé par les journalistes sur l'opportunité de suivre l'exemple de la Suisse, qui a décrété un gel des avoirs à titre préventif dès vendredi, le Premier ministre luxembourgeois a répondu «oui», à son arrivée à une réunion des ministres de l'Eurogroupe à Bruxelles.

Afin d'éviter d'emblée «tout risque de détournement de biens appartenant à l'Etat égyptien», la Suisse a fait part dès l'annonce de la démission d'Hosni Moubarak, vendredi, du gel pour trois ans de tous les avoirs que pourraient détenir dans la Confédération l'ancien chef de l'Etat égyptien et son entourage.

Par ailleurs, la France a annoncé lundi son intention de soulever la question de l'aide européenne à la Tunisie et à d'autres pays de la région lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro.

«Je pense qu'il est à tout à fait légitime que les ministres des Finances se penchent sur des questions comme celle-ci», a dit Christine Lagarde.