La Suisse a gelé tous les avoirs du président déchu égyptien Hosni Moubarak et ceux de ses associés. Toutefois, des militants anti-corruption réclament la même chose de la part des autres pays qui abritent leur fortune évaluée à 70 milliards $ US.

Certains experts estiment cependant que la chasse aux fonds cachés de l'ancien raïs égyptien pourrait s'avérer une tâche très complexe, et cela sans parler des défis à surmonter pour récupérer l'argent.

La fortune de Moubarak demeure mystérieuse. Une récente déclaration voulant que ses fils Gamal et Alaa et lui-même auraient pu amasser une fortune plus imposante que celle de Bill Gates, ancien patron de Microsoft, a contribué à alimenter la grogne populaire.

«Oh, Moubarak, dites-nous où vous avez caché 70 milliards $!», ont chanté les manifestants lors des marches précédant la démission du président égyptien, vendredi, après un règne de 30 ans.

La corruption était endémique dans l'Égypte de Moubarak, où 40 pour cent des quelque 80 millions d'habitants ne vit qu'avec deux dollars ou moins par jour. Les opposants accusent le régime d'avoir usurpé les richesses de la nation. Les Égyptiens se plaignent depuis longtemps à propos d'une politique officieuse de magouille qui permettait aux hauts responsables et aux hommes d'affaires de s'enrichir.

Au cours des derniers jours, des groupes de surveillance et des avocats privés ont demandé que le procureur en chef du pays intente une poursuite contre la famille Moubarak et certains de ses riches associés. De nombreux autres anciens responsables gouvernementaux ont déjà été interdits de voyage, et certains, dont quatre ministres, ont vu leurs avoirs saisis.

La question de jusqu'où les enquêtes iront dépend de la volonté politique du leadership égyptien, a déclaré Eric Lewis.

Des enquêtes poussées sur la corruption pourraient tester la détermination des hauts gradés de l'armée qui dirigent le pays lors de la période de transition. Certains affirment qu'une purge des magnats égyptiens pourraient rendre la reprise économique plus difficile, à la suite de la crise politique.

Les Moubaraks n'ont jamais parlé de leurs richesses. Le salaire mensuel présidentiel officiel de Moubarak se montait à 4750 livres égyptiennes, ou 808 $, en 2007 et 2008, selon un groupe de réflexion cairote.