Des centaines de Tunisiens ont laissé explosé leur joie vendredi à Tunis quelques minutes après l'annonce du départ du président égyptien Hosni Moubarak.

Un concert assourdissant de klaxons, digne d'une victoire de coupe du Monde de foot, a salué la nouvelle donnée au Caire par le vice-président égyptien Omar Souleiman. Ce dernier venait de déclarer que le raïs avait quitté ses fonctions et remis le pouvoir à l'armée.

Au fil des minutes, le flot grossissait sans cesse.

Des drapeaux égyptiens se mêlaient à des drapeaux tunisiens brandis par des manifestants dans l'avenue Bourguiba, où des gens sautaient et dansaient de joie.

Le mouvement de contestation déclenché en Tunisie à la mi-décembre avait provoqué la chute le 14 janvier du président Zine El Abidine Ben Ali, et donné le signal de mouvements de protestations dans plusieurs pays arabe.

«C'est formidable! Deux dictateurs sont tombés en moins d'un mois!» exulte Nourredine, un étudiant de 23 ans.

Son copain Ahmed: «A qui le tour maintenant?»

Une immense clameur a soudain retenti appelant cette fois les Algériens «à faire tomber le régime de leur président» Abdelaziz Bouteflika.

Toute l'avenue Bourguiba, haut-lieu des manifestations qui ont fait tomber le président Ben Ali au bout de 23 ans de pouvoir, a été envahie par des centaines de véhicules dont beaucoup avaient allumé leurs «warnings» et n'arrêtaient pas de klaxonner, couvrant des youyous de femmes.

Des petits groupes de gens se sont mis spontanément à danser à l'annonce de la nouvelle comme une trainée de poudre.

«Oh peuple égyptien que tu es grand!», lance un danseur.

«C'est pas possible, c'est nous les Tunisiens qui avons commencé ça, je suis tellement contente pour eux» (les Egyptiens), exulte Jamila, une jeune femme qui en trépigne de joie, portable collé à l'oreille.

«Le monde arabe connaît un tournant historique. Nous espérons que tous les peuples arabes pourront vivre dans un régime de citoyens et non de sujets», a déclaré à l'AFP Ahmed Brahim, le ministre de l'Enseignement supérieur du gouvernement de transition et chef du parti Ettajdid (opposition légale).

«Je pense que la volonté du peuple, quand elle s'exprime comme en Egypte finit par s'imposer car c'est la loi de la liberté et de la justice.

«Je félicite le peuple égyptien, j'espère que pour eux l'égalité et la transition démocratique se passera avec succès. J'espère que pour le peuple égyptien la transition se déroulera le plus pacifiquement possible», a-t-il poursuivi, visiblement très heureux au téléphone.