Le président égyptien Hosni Moubarak, fortement contesté dans la rue, a formé une commission en vue d'amender la Constitution en prévision de la prochaine présidentielle en septembre pour laquelle il ne sera pas candidat.

M. Moubarak a «signé un décret présidentiel en vertu duquel il a formé une commission qui aura pour mission d'apporter des amendements à la Constitution», a annoncé mardi le vice-président Omar Souleimane à la télévision d'État après une rencontre avec le président égyptien.

Un dialogue national a été lancé dimanche entre le pouvoir et les différentes forces de l'opposition, dont pour la première fois les Frères musulmans, en vue d'une «transition pacifique du pouvoir basée sur la constitution».

Le président égyptien a «souligné la nécessité de poursuivre le dialogue, pour passer des lignes générales à une feuille de route claire au calendrier précis, en vue d'une transition pacifique et organisée du pouvoir, dans le respect de la légitimité constitutionnelle», a poursuivi M. Souleimane.

Les amendements concernent le nombre de candidatures à la présidentielle ainsi que le mandat présidentiel.

Le 1er février, M. Moubarak, 82 ans et au pouvoir depuis 29 ans, a annoncé qu'il ne briguerait pas un sixième mandat en septembre, et appelé à «débattre d'un amendement aux articles 76 et 77 de la Constitution pour changer les conditions de la candidature à la présidentielle et limiter les mandats».

L'article 76, controversé, a été amendé en 2007. Il établit des conditions strictes pour se présenter à la présidentielle, notamment pour les indépendants qui doivent réunir le parrainage de 250 élus émanant de trois institutions différentes, toutes dominées par le parti au pouvoir.

L'article 77 établit la durée du mandat à six ans, pour un nombre illimité de mandats.

Un «comité de suivi» du dialogue engagé entre l'opposition et le pouvoir a également été formé, a précisé le vice-président. «La commission constitutionnelle et le comité de suivi entameront leurs réunions dès aujourd'hui».

M. Moubarak fait l'objet d'un mouvement de contestation populaire sans précédent depuis le 25 janvier.

Mais les mesures politiques annoncées progressivement par le pouvoir n'ont pas apaisé la colère des protestataires qui exigent toujours un départ immédiat de M. Moubarak.

Des milliers d'Égyptiens continuaient à manifester mardi pour marquer le début de la troisième semaine de cette révolte sans précédent.

Le pouvoir tente de jouer l'apaisement. Il a déjà annoncé des hausses de salaires des fonctionnaires et des retraites, ainsi qu'une enquête sur les violences sanglantes qui ont émaillé certaines manifestations.

«Les jeunes d'Égypte méritent l'estime de la nation», a indiqué M. Souleimane, précisant que le président égyptien avait donné des instructions pour empêcher toute «poursuite» ou harcèlement à l'encontre des manifestants, dont «la liberté d'expression» ne devrait pas être «confisquée» selon lui.

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