Pour la 12e journée consécutive, des milliers de manifestants ont continué à se rassembler sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, emblématique de la révolte populaire qui a débuté le 25 janvier. Le mot d'ordre demeurait le même, avec des slogans hostiles au chef de l'État égyptien tels que «Dégage! Dégage! Dégage!».

L'armée restait déployée, contrôlant les accès à la place, et a promis de ne pas en déloger les manifestants. Certains d'entre eux, redoutant de nouvelles violences de la part de partisans du régime, se sont assis à même le sol devant des blindés pour les empêcher de partir, après des rumeurs de départ des militaires.

Il y a eu cependant des moments de tensions avec les soldats, quand des manifestants ont tenté de les convaincre de ne pas enlever les véhicules calcinés qui ont servi de barricade contre les attaques de partisans du régime. Les affrontements entre militants anti et pro-Moubarak, mercredi et jeudi, ont fait 11 morts et plusieurs centaines de blessés.

Nombre de manifestants se disaient en tout cas déterminés à rester sur la place, jusqu'au départ du président Moubarak. «Vous pensez que les gens vont s'en aller demain? Ils sont là de toute leur âme, et avec leur sang», expliquait Elwan Abdel Rahman, 26 ans.

Pour Wahel Khalil, 45 ans, la démission du Comité directeur du PND «renforce la résolution des manifestants, car cela montre qu'ils sont en train de gagner, et que le régime bat en retraite, centimètre par centimètre».

Le Premier ministre Ahmed Shafiq a de son côté affirmé que le pays revenait progressivement à la «stabilité». Selon la télévision nationale, les banques et les tribunaux, fermés depuis le début du soulèvement, doivent rouvrir dimanche.

En marge des manifestations, plusieurs scénarios de transition ont émergé en coulisses, Washington discutant notamment avec les autorités égyptiennes d'un retrait immédiat du «raïs», au pouvoir depuis près de 30 ans.

Un groupe de «sages», comprenant des juristes et figures de proue de la vie publique égyptienne, dont l'avocat et ancien ministre Ahmed Kamal Aboul Magd, ont rencontré à deux reprises au cours des derniers jours le vice-président Omar Souleimane et le Premier ministre Ahmed Shafiq.

Ils proposent notamment un transfert des pouvoirs de Hosni Moubarak au vice-président Omar Souleimane, une dissolution du Parlement monopolisé par le PND et la fin de l'état d'urgence qui donne à l'armée et aux forces de sécurité des pouvoirs quasi-illimités.

«Le point d'achoppement reste la question de la démission du président», explique Amer el-Shobaki, professeur de sciences politiques et un des membres de ce groupe de «sages». «Nous ne représentons pas les jeunes sur le terrain» mais «nous sommes en contact avec eux», a-t-il déclaré.

Une délégation des groupes à l'origine des manifestations, dont le Mouvement du 6 avril, a rencontré vendredi soir Ahmed Shafiq pour discuter des moyens de sortir de l'impasse, a déclaré Abdel-Rahman Youssef, un des participants. Mais il s'agit de contacts, et non de négociations, a-t-il souligné.