Le fringant et populaire secrétaire général de la Ligue arabe, l'Égyptien Amr Moussa, tente un retour sur la scène politique de son pays à l'occasion des manifestations anti-Moubarak, en n'excluant pas de jouer un rôle dans une transition.

Profitant de la contestation sans précédent contre le régime d'Hosni Moubarak, M. Moussa, dont le mandat s'achève dans deux mois, n'a pas exclu vendredi de se porter candidat à la présidence.

«Je suis à la disposition de mon pays bien sûr. Mais on va voir les développements politiques. Je suis prêt à servir comme un citoyen qui a le droit d'être candidat», a-t-il déclaré sur la radio Europe 1.

Interrogé sur une possible candidature à la présidentielle, il a répondu: «Pourquoi dire non?», en n'écartant pas non plus la possibilité d'intégrer un éventuel gouvernement de transition.

Le secrétaire général de la Ligue arabe a aussi déclaré le 1er février appuyer «les jeunes qui manifestent et leurs revendications».

Le patron de l'organisation panarabe, dont le siège jouxte la place Tahrir, épicentre de la contestation au Caire, a récemment affirmé à l'AFP qu'il était temps pour une «transition pacifique» en Égypte, souhaitant que le pays passe «d'une ère à une autre».

«Il y a un boulevard pour Amr Moussa. Il est compatible avec l'establishment actuel. Il a fait partie du système, avant d'en être écarté», indique à l'AFP un diplomate européen.

Après dix ans à la tête de la diplomatie égyptienne, M. Moussa, 74 ans, avait été écarté des Affaires étrangères pour être nommé chef de l'organisation panarabe, ce qui avait été vu à l'époque comme une tentative de l'évincer, en raison de sa popularité, des allées ministérielles et peut-être de la course au pouvoir.

Vif d'esprit, toujours très dynamique et doté d'un solide sens de l'humour, ce diplomate chevronné qui apprécie les médias doit notamment sa popularité en Égypte à ses prises de position critiques à l'égard d'Israël et des États-Unis.

Mais ce sont précisément ces positions qui pourraient ne pas lui valoir le soutien des Occidentaux.

En janvier, lors d'un sommet économique arabe à Charm el-Cheikh qui se tenait quelques jours après la fuite du président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali sous pression populaire, M. Moussa avait appelé à répondre à «la colère et la frustration sans précédent» de la population dans le monde arabe.

Son appel, tranchant avec la réserve des dirigeants arabes qui craignaient une contagion, avait rencontré un écho positif dans l'opinion publique arabe.

«L'âme arabe est brisée par la pauvreté, le chômage et le recul des indices de développement», avait-il lancé.

Toujours parfaitement habillé, Amr Moussa a été à la tête de la diplomatie égyptienne de 1991 à 2001, y déployant un sens manifeste de la communication et une grande maîtrise des dossiers.

Quelques mois après le déclenchement de la deuxième intifida palestinienne en 2000, son indice de popularité pouvait se mesurer avec un tube du chanteur populiste, Chaabane Abdel Réhim, proclamant «J'aime Amr Moussa et je hais Israël».

Vendredi, à son arrivée place Tahrir pour parler aux manifestants, certains d'entre eux criaient: «Allez Moussa, prends les choses en main».