Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué mardi l'intervention «courageuse» de la France au Mali mais a souligné les risques pour les humanitaires et le personnel de l'ONU sur place.

Au cours d'une conférence de presse, M. Ban a «félicité la France pour sa décision courageuse de déployer des troupes au Mali à la suite de l'avancée préoccupante de groupes extrémistes vers le sud du pays».

Il a aussi dit «apprécier les efforts» de la Cédéao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest), de l'Union africaine et des pays qui ont annoncé la participation de leurs soldats à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma).

Mais il a réitéré ses craintes concernant les conséquences de l'opération pour les civils et les droits de l'homme.

Annonçant qu'il avait transmis au Conseil de sécurité «trois options pour un soutien logistique» de l'ONU à la Misma, il a ajouté: «En même temps j'ai signalé les risques pour nos activités et notre personnel civil dans la région».

Lors d'un débat au Conseil sur le Mali, le secrétaire général adjoint aux affaires politiques Jeffrey Feltman a précisé ces trois options: le soutien logistique, a-t-il dit, peut être fourni «de manière bilatérale», ou entièrement par l'ONU «dans toutes les phases des opérations». Dans la troisième option, l'ONU s'en chargerait pendant le déploiement de la Misma, certains pays prenant le relais «pendant les combats».

«Cette option réduirait nettement certains des risques pour l'ONU et son personnel liés à la deuxième option», a souligné M. Feltman.

Tout en réaffirmant que l'ONU «s'engage à aider le Mali», Ban Ki-moon a souligné que cette aide «devait respecter les règles de l'ONU», en matière de droits de l'homme notamment. «Apporter une aide directe à des actions militaires offensives mettrait notre personnel civil dans la région en danger et je prends ce problème très au sérieux», a-t-il déclaré.

M. Ban a aussi fait valoir que parallèlement à l'intervention militaire, «la priorité devrait être de trouver une solution par un processus politique», c'est-à-dire un accord de réconciliation nationale à Bamako et des négociations avec les rebelles du Nord qui se dissocieront du terrorisme.

L'ONU a dépêché il y a quelques jours une première équipe d'experts à Bamako et «s'efforcera d'y envoyer davantage de personnel», a indiqué M. Ban, quand le Conseil de sécurité se sera prononcé sur le financement de son aide logistique.

Réagissant à la prise d'otages meurtrière sur un site gazier en Algérie, M. Ban s'est aussi dit «profondément attristé par le bilan de l'attaque terroriste à In Amenas». «De tels actes de terrorisme sont toujours injustifiables», a-t-il ajouté en présentant ses condoléances aux familles des victimes et au gouvernement algérien.

L'ambassadeur français Gérard Araud a indiqué qu'au cours de consultations à huis clos mardi soir, il avait «continué à informer nos partenaires» de l'intervention française.

Evoquant les annonces de troupes faites par plusieurs pays africains, il y a vu «une véritable mobilisation de l'Afrique aux côtés de la France». Il a aussi assuré que les États-Unis allaient «contribuer de manière substantielle» au financement de la Misma, sans donner de chiffres.