L'armée française a consolidé hier ses positions au Mali, dans le but de mener «la reconquête totale» du pays en partie occupé par des islamistes armés. Notre collaborateur est au front.

«Nous sommes contents de l'intervent...», Ladji Traoré n'a pas le temps de finir sa phrase. Deux avions Mirage français passent à basse altitude. La dizaine d'hommes qui l'entourent se lèvent, excités. «Tu as vu ça?», lance le camionneur Ousmane Diarra, renversant son thé.

Markala avait déjà une base militaire malienne. Depuis mardi dernier, la petite ville du centre du Mali a aussi une base militaire française.

«L'objectif, c'est la reconquête totale du Mali. On ne va pas laisser des poches» de résistance, a déclaré hier le ministre français Jean-Yves Le Drian. Il a dit espérer que la force régionale africaine en cours de déploiement prenne rapidement le relais de l'intervention française.

Lundi dernier, une coalition djihadiste liée à Al-Qaïda a lancé un assaut contre Diabaly, à une centaine de kilomètres de Markala. Rapidement, les forces françaises ont envoyé du renfort à l'armée malienne, lançant une opération à la fois aérienne et terrestre.

Nettoyer les pièges

«La situation dans la zone est calme depuis notre arrivée. Nous avons stoppé l'avancée de l'ennemi», explique Frédérique, colonel de l'armée française - qui refuse de donner le nom complet de ses militaires.

Les Maliens ont eu chaud, la semaine dernière. Markala est une des premières villes qu'auraient prises les islamistes s'ils avaient réussi leur avancée à Diabaly. Les armées française et malienne ont réussi à les chasser. Les soldats doivent maintenant nettoyer la ville des pièges laissés par les groupes affiliés à Al-Qaïda. Des maisons seraient minées et plusieurs caches d'armes sont dissimulées en ville.

Markala, c'est aussi un point stratégique sur le fleuve Niger. Le fleuve, qui passe en plein coeur de la zone contrôlée par les islamistes, pourrait servir à une contre-attaque. Du coup, on s'affaire à le sécuriser.

Cinq militaires français creusent calmement une tranchée près d'un pont. Deux vigiles scrutent l'horizon avec leurs mitrailleuses. À côté, des Maliens, armes en joue, surveillent la route venant du nord.

Depuis que l'armée malienne a perdu le nord du pays au printemps dernier, l'armée malienne semblait en déroute. «Le Mali est à genoux. Il n'est pas tombé», lance fièrement un militaire malien sur un véhicule camouflé. Ici, les forces armées reprennent des forces: uniformes et bottes neuves, rations de rillettes de canard, armes bien entretenues.

Une présence bienvenue

«L'intervention de l'armée française nous a emmené des gens bien armés et bien entraînés pour nous aider dans notre mission. Quand y a des problèmes, on appelle la France. Mais quand y en a pas, on dit, la France, dégage! Il faut être équilibré. Je suis fier et pressé de libérer ma nation», explique le colonel Keba Sangaré.

À Markala, on se réjouit de la présence française. Les drapeaux français et malien flottent côte à côte. Sur un commerce, un écriteau proclame: «La population de Markala soutient les militaires français-es et malien-nes».

«On a eu très peur lundi quand on a entendu que les terroristes étaient rentrés dans Diabaly. Quand on a vu l'armée française débarquer avec l'armée malienne, ça nous a soulagés», explique Alassane Maiga, un agent des eaux et forêts, dans son boubou indigo.

«L'important, c'est de chasser ces terroristes. Peu importe par qui et comment», ajoute son ami, le camionneur Ousmane Diarra, drapeaux malien et français sur sa moto.

Calmement, les habitants attendent la suite. L'armée malienne, elle, est toujours déterminée à combattre. Et les soldats français se préparent. «Soit on reste ici pour bloquer l'avancée des islamistes, soit on va les chercher. On attend les ordres pour une deuxième phase avec l'armée malienne», conclut le colonel Frédérique.

- Avec l'Agence France-Presse