L'un des principaux dirigeants de l'opposition en France a accusé samedi François Hollande de ne pas avoir de «stratégie claire sur le sens de la présence française au Mali», alors que le consensus politique autour de l'intervention militaire française au Mali commence à se fissurer.

Laurent Wauquiez, un des deux vice-présidents du principal parti de droite (UMP) et ancien ministre des Affaires européennes s'interroge sur le sens de la présence française au Mali et accuse le président Hollande de ne pas avoir travaillé à la constitution d'une coalition internationale, dans une interview samedi au journal Le Monde.

«Derrière les coups de menton et le costume de chef de guerre endossé par François Hollande, le chef de l'État n'a pas de stratégie claire sur le sens de la présence française au Mali», affirme M. Wauquiez, étoile montante de l'UMP.

«La France est intervenue au Mali sans travailler à la construction d'une coalition en amont. De ce point de vue, le contraste avec la manière dont avait été préparée l'intervention française en Libye, en mars 2011, est frappant», écrit le vice-président de l'UMP, en référence à l'action à cette époque de l'ancien président Nicolas Sarkozy.

M. Wauquiez «s'étonne aussi du silence assourdissant de la dimension européenne de notre intervention», faisant à nouveau le lien avec le dossier libyen où «tous les grands pays européens avaient été mobilisés».

«Sur le Mali, j'ai l'impression qu'on cherche à raccrocher le wagon de la diplomatie européenne, là encore a posteriori. Les dégâts collatéraux sur l'affaiblissement de celle-ci seront lourds sur la durée», dit-il.

Des voix discordantes s'étaient déjà fait entendre, notamment de l'ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé (UMP).

M. Juppé a estimé mercredi que le déploiement de troupes françaises au sol est «extrêmement risqué», disant craindre que la France se soit mise «dans une spirale que nous allons avoir beaucoup de mal à maîtriser».

À gauche, les communistes et les écologistes ont également manifesté des réserves.

Une large majorité de Français (65 %) est favorable à l'intervention militaire au Mali une semaine après son lancement, un chiffre en légère augmentation par rapport au tout début des opérations (63 %), selon un sondage Ifop pour Sud Ouest dimanche.