La Libye a joué un rôle important dans la renaissance de la rébellion touarègue au Mali. Après des soulèvements durant la Première Guerre mondiale et lors de l'indépendance, au début des années 60, le nord du Mali a connu une paix relative pendant plus de 25 ans. Les effets d'une sécheresse avaient notamment été amenuisés par l'embauche de nombreux Touaregs maliens dans l'industrie pétrolière et l'armée libyennes.

Mais après la chute du prix du pétrole du milieu des années 80, les Touaregs ont été congédiés des raffineries de Mouammar Kadhafi. Le dictateur libyen a ensuite essuyé une défaite militaire au Tchad, pays qu'il a tenté d'annexer. Ses soldats touarègues ont alors été débauchés.

« À leur retour au Maghreb, les Touaregs n'ont pas trouvé de travail et ça a mené à la rébellion de 1990, où ils ont appliqué ce qu'ils avaient appris dans l'armée de Kadhafi «, explique Kristine Hoffer, une Américaine qui travaille pour le Peace Corps et a fait une étude au Mali sur la rébellion touarègue pour le compte du National Endowement for Humanities des États-Unis.

À la défaite de Kadhafi, fin 2011, entre 800 et 4000 soldats touarègues ayant combattu à ses côtés ont fui vers le sud de l'Algérie et le nord du Mali. Bien que la plupart des experts conviennent qu'ils ont contribué aux nombreux revers de l'armée malienne le printemps dernier, leur importance ne fait pas l'unanimité.

Selon Gregory Mann, historien new-yorkais de l'Université Columbia spécialisé dans l'Afrique de l'Ouest, ils ont été quelques milliers et ont amené avec eux des armes sophistiquées dont bénéficient les groupes islamistes.

Jeremy Binnie, spécialiste des milices à la revue militaire britannique Jane's, pense quant à lui qu'ils n'étaient pas plus d'un millier et qu'ils ont joint les rangs du groupe laïciste MNLA, au départ le principal opposant de l'armée malienne mais depuis supplanté par les trois groupes islamistes. M. Binnie avance également que la contribution principale des vétérans libyens est une multitude d'armes légères, car les armes plus sophistiquées - lance-roquettes et missile sol-air SA-7 et SA-24 - sont soit trop compliquées à entretenir, soit inefficaces contre l'aviation française.