Barack Obama a dévoilé vendredi le nouveau visage de la sécurité nationale américaine, promettant de rompre avec des pratiques controversées emblématiques de l'administration Bush, comme l'utilisation de la torture dans la «guerre contre le terrorisme».

Le futur président a désigné vendredi l'amiral à la retraite Dennis Blair à la tête du renseignement américain (DNI) et l'ancien secrétaire général de la Maison Blanche du temps du président Bill Clinton, Leon Panetta, directeur de la CIA. «J'ai été clair durant cette campagne, et j'ai été clair pendant cette transition sur le fait que sous mon administration, les Etats-Unis ne torturent pas», a-t-il prévenu en précisant que le pays se conformera aux conventions de Genève sur le droit humanitaire international.

«Nous avons appris que pour faire des choix politiques pragmatiques, nous devons mettre en avant les appréciations fondées seulement sur les faits, et non rechercher des informations qui viendraient en soutien d'un programme idéologique», a ajouté M. Obama en allusion aux renseignements sur les armes de destruction massive en Irak qui ont mené à l'invasion américaine en 2003.

Par ailleurs, M. Obama a nommé à la tête de la CIA un directeur étranger au sérail et notoirement engagé en faveur de l'intégrité des services de renseignements.

«La torture est illégale, immorale, dangereuse et contreproductive. Et pourtant le président (Bush) utilise la peur pour détourner la loi», avait écrit Leon Panetta dans un éditorial, en mars, rappelant que toute forme de torture était interdite par la Constitution américaine.

Leon Edward Panetta, 70 ans, est une personnalité politique sans réelle expérience dans le domaine du renseignement, ce qui a provoqué des contestations sur sa nomination au sein du camp démocrate.

L'amiral Blair va pour sa part hériter d'un poste créé après les attentats du 11 septembre 2001, avec pour mission de chapeauter l'ensemble de la communauté américaine du renseignement, dont la CIA.

M. Blair est plus familier du monde du renseignement, puisqu'il a travaillé avec la CIA dans les années 1990. Il succèdera à Mike McConnell, également ancien amiral, qui avait pris la direction du Renseignement en février 2007.

M. Obama a souligné la compétence et les vertus morales des deux hommes: «ce sont deux fonctionnaires à l'intégrité incontestable, avec une grande expérience, et le pragmatisme dont nous avons besoin en ces temps dangereux», a-t-il insisté.

Par ailleurs, M. Obama a choisi John Brennan, un vétéran de la CIA, comme conseiller en matière de lutte antiterroriste. Ce dernier qui briguait la tête de l'agence de renseignement a été obligé d'y renoncer, notamment à cause de critiques sur ses déclarations en faveur de techniques d'interrogatoire controversées.

La CIA s'était retrouvée sous le feu des critiques du Congrès pour avoir échoué à prévoir et empêcher les attentats du 11 septembre 2001, puis pour ses méthodes d'interrogatoire musclées, dénoncées comme de la torture par ses détracteurs.

La nomination de M. Panetta, un civil, à la tête de l'Agence, en remplacement du général Michael Hayden, devrait permettre de tempérer les inquiétudes soulevées ces dernières années quant à la militarisation de la communauté du renseignement.