Les musulmans de la mosquée de Boston fréquentée par les frères Tsarnaev ont un message clair: les suspects de l'attentat du marathon n'étaient pas des fidèles assidus et leurs actes n'ont rien à voir avec l»islam américain» prêché dans cette communauté.

Tamerlan, l'aîné âgé de 26 ans, tué lors d'un échange de coups de feu dans la nuit de jeudi à vendredi avec la police, avait «commencé à participer de manière irrégulière à la prière du vendredi depuis un peu plus d'un an, et assistait de temps en temps à la prière du matin», a affirmé mardi la mosquée de Cambridge, près de Boston.

L'«Islamic society of Boston» est une petite mosquée qui accueille une centaine de fidèles à la prière du vendredi, une vingtaine en semaine. Elle appartient à la même entité que la mosquée de Boston, fréquentée, elle, par un millier de fidèles.

Le benjamin Djokhar, 19 ans, se faisait encore plus «rare», a précisé lors d'une conférence de presse Yusufi Vali, le directeur de la mosquée de Boston: «On ne les a vus qu'une seule fois ensemble à la prière».

«Vendredi, quand nous avons réalisé qu'ils venaient à notre mosquée, nous avons demandé qui, parmi notre communauté les connaissait et nous avons alors contacté les autorités», a précisé Yusufi Vali. Trois fidèles ont été interrogés par la police fédérale, a-t-il ajouté sans plus de précisions.

Les responsables de la mosquée se sont alors rappelés de deux fois où Tamerlan Tsarnaev s'était insurgé contre des prêches.

Le 16 novembre, il avait ainsi interrompu un prêcheur qui expliquait que les musulmans pouvaient célébrer les fêtes traditionnelles américaines comme le 4 juillet ou Thanksgiving.

Le 18 janvier, il s'était de nouveau énervé, interrompant le prêcheur qui rendait hommage à Martin Luther King, l'accusant d'être un «non croyant». Les fidèles lui avaient demandé de se taire et de sortir. Il s'était exécuté.

«Notre mosquée ne prêche pas la violence»

«Il apparaît aujourd'hui qu'il réagissait contre notre théologie d'un islam américain. Il y avait clairement une différence entre le point de vue de la mosquée et le sien», a fait valoir Yusufi Vali.

Après le sermon, des responsables lui avaient demandé de ne plus interrompre la prière, sous peine de ne plus être le bienvenu à la mosquée. Depuis, il était revenu assister à certaines prières mais n'avait plus interrompu de sermon, a précisé la mosquée.

Celle-ci a souligné que les deux frères n'avaient «jamais exprimé le moindre sentiment ou comportement violent. S'ils l'avaient fait, nous aurions immédiatement appelé le FBI».

Mardi, USA Today, se basant notamment sur des travaux d'une association baptisée «Americans for Peace and Tolerance», a affirmé que des enquêtes avaient été menées sur des fidèles et des responsables de la mosquée de Cambridge, soupçonnés d'être impliqués dans des faits de terrorisme.

Le quotidien cite notamment le premier président de la mosquée, Abdulrahman Alamoudi, condamné aux États-Unis en 2004 à 23 ans de prison pour avoir participé à un projet d'assassinat du prince saoudien Abdullah.

Et dans la mosquée-soeur de Boston, le quotidien évoque la tenue de prêches radicaux.

Mais la directrice exécutive de la mosquée de Cambridge, Nicole Mossalam assure que «nous sommes une communauté ouverte, diverse et nous suivons le courant principal de l'islam». «Je ne suis pas courant de mouvances radicales à Boston, cela n'existe pas dans cette mosquée».

«Nous rencontrons tous les mois le FBI dans le cadre d'un programme fédéral», a ajouté Yusufi Vali. «Il s'agit de réunions informelles au cours desquelles les policiers peuvent nous faire part de leurs préoccupations, si jamais ils en ont».

«Notre mosquée ne prêche pas la violence, ce que ces types ont fait est déshonorant» a-t-il indiqué, se présentant d'abord comme un «Bostonien en deuil».