Un Français, soupçonné de liens avec les frères Kouachi et arrêté en Bulgarie alors qu'il tentait visiblement de se rendre en Syrie, voyageait avec trois personnes également en contact avec les auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo, a indiqué la justice bulgare vendredi.

Le tribunal de Haskovo (sud) examinait la demande d'extradition en France de Fritz-Joly Joachin, un Français de 28 ans d'origine haïtienne, pour «participation à un groupe criminel armé dont l'objectif était l'organisation d'actes terroristes».

La justice doit se prononcer mardi 20 janvier sur son extradition, qu'il dit d'ores et déjà accepter. Les faits qui lui sont reprochés sont passibles de dix ans de prison en France.

Il a été interpellé le 1er janvier alors qu'il tentait de franchir la frontière bulgaro-turque avec son fils de 3 ans, dont on soupçonne qu'il voulait l'emmener en Syrie.

Selon le mandat d'arrêt européen émis le 11 janvier par la justice française, M. Joachin voyageait en compagnie de trois autres personnes toutes soupçonnées de contacts avec Chérif Kouachi, l'un des frères auteurs de l'attaque sanglante du 7 janvier à Paris.

Il s'agit de Cheikh Diakhaby, condamné en 2006 pour être illégalement entré en Irak, la compagne turque de Joachin, Imané Chanaa, et une autre femme turque, Fehimé Aksoy.

Le frère d'Imané Chanaa, Younès Chanaa, est détenu dans le cadre d'une enquête pour participation supposée à un réseau de recrutement en Europe de djihadistes pour le groupe armé État islamique.

Le mandat d'arrêt ne précise pas où Younès Chanaa est détenu, ni la nationalité de Cheikh Diakhaby.

Seul M. Joachin a été arrêté en Bulgarie - au titre, à l'origine, d'un premier mandat pour enlèvement parental -, ses compagnons ayant pu poursuivre leur route vers la Turquie.

Vendredi, le suspect a été amené dans la salle d'audience du tribunal de Haskovo menotté et escorté de sept policiers équipés de gilets pare-balles. Petite barbe, jean et veste noire, il n'a pas caché son visage comme il l'avait fait lors d'une précédente audience.

Son avocat, Me Radi Radev, a déclaré à l'AFP que son client n'était lié à aucun groupe terroriste et était «surpris» par les accusations le visant. M. Joachin connaissait les deux frères Kouachi uniquement dans le cadre de contacts d'affaires et parce qu'il avait joué au soccer avec eux, a-t-il affirmé.

Dans une interview à la chaîne de télévision France 2 réalisée en Bulgarie et diffusée jeudi, M. Joachin avait déjà déclaré n'avoir eu aucune relation de nature criminelle avec les frères Kouachi, évoquant une simple «relation de business».

«Nous vendions des vêtements, des chaussures», a détaillé le suspect, assurant ne pas avoir vu les deux frères depuis «juillet 2014». Il a affirmé ne pas avoir été au courant de leur projet d'attentat, et a désavoué celui-ci au cours de cet entretien.