Le ministre belge de l'Intérieur, le nationaliste flamand Jan Jambon, s'est défendu mercredi d'avoir stigmatisé la communauté musulmane de Belgique en affirmant le week-end dernier qu'une «partie significative» de ses membres avait célébré «en dansant» les attentats du 22 mars à Bruxelles.

«Tout le monde sait que de tels faits se sont produits. Faut-il attendre un procès-verbal (de la police) pour confirmer l'existence de tels faits?», a lancé d'un ton combatif M. Jambon devant la commission des affaires intérieures de la Chambre des députés, après avoir subi un feu de questions de l'opposition.

«Une partie significative de la communauté musulmane a dansé à l'occasion des attentats», qui ont fait 32 morts et des centaines de blessés à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles, avait déclaré samedi dans un journal néerlandophone le plus haut représentant au sein du gouvernement de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), parti qui est un pilier de la coalition de droite au pouvoir depuis octobre 2014.

Des députés de l'opposition ont reproché mercredi au ministre nationaliste de créer des divisions entre la population musulmane, estimée à plus de 600 000 personnes en Belgique, et non-musulmane, en procédant par amalgame. «Nous voulons des faits. Vous êtes le ministre chargé de la sécurité, pas de la provocation», a lancé le député socialiste Emir Kir.

«Je n'ai pas de PV. Il y en a, mais pas beaucoup», a concédé Jan Jambon. Mais il a maintenu son point de vue, sans esquisser les excuses réclamées par des parlementaires.

«Plusieurs services m'ont confirmé que ce ne sont pas des rumeurs et qu'ils ont vécu cela sur le terrain», a soutenu le ministre, sans apporter plus de détails. «Qu'est ce que vous pensiez? Que j'allais stigmatiser en nommant des rues, des quartiers?», s'est-il offusqué.

«Je ne veux pas me voiler la face, pratiquer la politique de l'autruche. Mon devoir est d'identifier les problèmes, de nommer les choses et de prendre des actions», a expliqué le ministre de l'Intérieur, dont le parti reproche aux précédents gouvernements d'avoir laissé le radicalisme islamiste se développer et les réseaux djihadistes s'implanter en Belgique.

«On ne peut pas stigmatiser toute une communauté. Je l'ai dit des centaines de fois... Il faut travailler avec la communauté musulmane, il faut reconquérir les coeurs, dont certains sont en train de se retourner contre notre société, même s'il ne s'agit que de trois personnes», a plaidé M. Jambon.